Pour la première fois dans l'histoire du Comité des pêches de la FAO (COFI), ses membres se sont réunis en ligne pour sa 34e session afin de discuter des questions globales liées à la pêche telles que le commerce du poisson, l'aquaculture ou comment soutenir la pêche artisanale. Selon le projet de rapport, 96 membres du comité, 11 observateurs d'autres États membres de la FAO ainsi que 39 organisations intergouvernementales et 32 ONG ont participé à cette session, dont CAPE et nos partenaires la Confédération africaine des organisations professionnelles de pêche artisanale (CAOPA), Pain pour le Monde et la Société suédoise pour la conservation de la nature (SSNC).
Cette 34e édition a accordé une importante place à la pêche artisanale, avec un point dédié, mais aussi plusieurs mentions tout au long de la conférence, notamment l'engagement des membres à célébrer l'Année internationale de la pêche et de l'aquaculture artisanales (IYAFA) en 2022 "afin de mieux faire connaître et comprendre ce secteur pour le développement social et économique des communautés côtières et la fourniture d'aliments à haute valeur nutritionnelle, l'utilisation durable des ressources naturelles [...]".
La crise du Covid-19 et ses impacts sur la pêche était "l'éléphant qui s'est invité dans le salon", et même si certaines ONG ont regretté qu'il n'y ait pas de moment dédié à la pandémie, celle-ci a été mentionnée dans plusieurs points de l'ordre du jour. La représentante algérienne, par exemple, a demandé que les petits pêcheurs touchés par la Covid-19 soient soutenus car "une crise mondiale exige une réponse mondiale pour les activités de pêche".
En tant qu'observateur, la CAOPA a envoyé trois déclarations écrites au COFI. Concernant le Covid-19, le CAOPA estime que la crise est une opportunité de répondre aux défis de longue date de la pêche artisanale africaine, en particulier pour améliorer les conditions de vie et de travail des hommes et des femmes du secteur. Cette organisation a également exprimé l'inquiétude que de nombreux gouvernements chercheront à se redresser de la pandémie par la promotion d'une économie bleue qui se concentre sur d'autres secteurs océaniques qui sont en concurrence directe avec la pêche artisanale. L'Union européenne s'est fait l'écho de cette préoccupation dans sa déclaration sur le point 8 "Soutien à la pêche artisanale", attirant l'attention sur les impacts potentiels du développement d'activités d'extraction concurrentes et d'autres utilisations de la mer sur les communautés de pêcheurs artisanaux. Cela a ensuite été reflété dans le rapport, dans lequel le Comité "a demandé un travail accru en ce qui concerne le soutien à la pêche artisanale et à la pêche à petite échelle avec [...] un accès équitable aux droits de pêche, en tenant compte des impacts potentiels des secteurs et activités concurrents".
En ce qui concerne le commerce du poisson, le Comité "a réitéré l'importance de la participation effective des acteurs artisanaux au commerce international, notamment en encourageant l'augmentation des possibilités et l'accès au marché pour la pêche et l'aquaculture artisanales et à petite échelle" et a demandé à la FAO de poursuivre le travail d'élaboration d'un guide non contraignant sur la responsabilité sociale de la chaîne de valeur des pêches. Pour le CAOPA, cependant, dans ce contexte, un document spécifique qui couvrirait l'ensemble de la chaîne de valeur de la pêche artisanale est nécessaire, en s'appuyant sur les instruments internationaux existants, tels que les directives volontaires de la FAO pour une pêche artisanale durable et la convention C188 de l'OIT sur le travail dans le secteur de la pêche.
Plusieurs membres ont demandé plus de transparence pour lutter efficacement contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN), notamment le Sénégal, qui s'est exprimé au nom des membres de la région africaine, et l'Union européenne. Le Sénégal a reconnu les insuffisances dans la lutte contre la pêche INN en Afrique et a noté que davantage d'informations sont nécessaires concernant la présence de navires de pêche dans les eaux africaines. L'UE a appelé à la transparence tout au long des chaînes d'approvisionnement en produits de la mer. Ces déclarations convergent avec notre déclaration commune avec la CAOPA dans laquelle nous demandons plus de transparence dans l'accès aux allocations car "toute pêche légale n'est pas durable".
Le Comité a également discuté de l'élaboration de directrices volontaires pour une aquaculture durable. La CAOPA a souligné dans sa déclaration que le développement de telles lignes directrices doit prendre en compte les impacts environnementaux et sociaux des installations sur les communautés et l'environnement côtier et tout au long de la chaîne de valeur. Cette organisation a souligné les préoccupations concernant l'industrie florissante de la farine de poisson en Afrique de l'Ouest. L'Union européenne a aussi exprimé la nécessité d'"éviter que la demande mondiale croissante de farine et d'huile de poisson comme ingrédients pour l'alimentation des poissons d'aquaculture ne prive les populations pauvres de l'accès à des aliments nutritifs".
Enfin, le Comité a également souligné la "vulnérabilité climatique des communautés de pêche artisanale et à petite échelle" et a demandé à la FAO de travailler sur des orientations techniques pour l'adaptation au climat et l'atténuation de ses effets. En parlant de la conservation de la biodiversité, avec nos partenaires SSNC, nous avons rappelé dans une déclaration commune que la participation des populations autochtones et des communautés locales (IPLC) est cruciale et que les zones marines et côtières qui sont déjà gérées et protégées par les IPLC devraient être officiellement reconnues dans les mécanismes de suivi, d'évaluation et de notification des initiatives en matière de biodiversité.
Dans cet article qui traite du renouvellement du protocole de l’APPD UE-Guinée-Bissau, l’auteure, d’une part, passe en revue les points essentiels de l’accord du point de vue de la pêche artisanale locale et relaye ses demandes et, d’autre part, détaille l’aspect de la durabilité : bien que le protocole ne permette pas aux flottes européennes de pêcher des petits pélagiques en situation de surexploitation, au moins 4 navires d’origine européenne se seraient repavillonés en Guinée-Bissau et pêcheraient ces espèces, mettant à mal la sécurité alimentaire de la région et concurrençant la pêche artisanale.