Les océans jouent un rôle essentiel dans la régulation du climat mondial, mais ils sont également fortement affectés par le changement climatique. Le réchauffement climatique entraîne une augmentation de la température des eaux de surface, une élévation du niveau de la mer, des zones de carence en oxygène, une acidification et des changements dans les courants océaniques. Tous ces changements ont un impact significatif sur les écosystèmes côtiers et, par conséquent, sur les communautés qui en dépendent pour leur subsistance et leur survie.
Les communautés africaines de pêche artisanale sont les premières à subir les effets du changement climatique et de la perte de biodiversité, en raison de leur situation géographique et des moyens limités dont elles disposent pour faire face aux dommages. Elles sont déjà confrontées à une diminution de leurs captures, liée au déclin et à la migration des stocks de poissons vers des zones plus froides, ainsi qu'à la disparition des mangroves et des récifs coralliens, qui sont des nurseries pour de nombreuses espèces. Les pêcheurs sont également confrontés à des phénomènes météorologiques extrêmes et à l'érosion du littoral, qui entraînent la perte de terres côtières, la destruction d'habitations et d'infrastructures et la disparition de leurs sites de débarquement. D'autres facteurs s'ajoutent à ce tableau pour le rendre encore plus sombre : la surpêche, l'urbanisation ou l'eutrophisation d'origine humaine.
Que faisons-nous ?
Les décisions visant à freiner le réchauffement climatique et à prévenir la perte de biodiversité sont souvent prises de manière imposée, sans la participation de ceux qui sont le plus touchés : les communautés de pêche. Par exemple, les gouvernements ont récemment convenu de protéger 30 % des océans d'ici à 2030. Cependant, le fait de déclarer de vastes zones protégées ne suffit pas à résoudre le problème de l'exploitation souvent non durable des ressources océaniques.
Nous plaidons pour que les gouvernements s'attaquent aux impacts du réchauffement climatique tout en garantissant l'utilisation durable et équitable des ressources marines et côtières, ainsi qu'une gestion transparente et participative de ces ressources :
Nous signalons des cas où les mesures contre le changement climatique et pour atténuer la perte de biodiversité, la planification de l'espace marin ou les projets de conservation ont un impact sur les droits et les moyens de subsistance des communautés de pêche artisanale africaines ;
Nous exigeons que les gouvernements reconnaissent les droits des communautés côtières, y compris leur consentement libre, préalable et éclairé avant toute décision sur les océans, y compris à des fins de conservation, comme la désignation d'aires marines protégées ;
Nous demandons, avec les organisations de pêche artisanale, des systèmes de cogestion pour 100 % de toutes les zones côtières, avec le soutien financier approprié et des cadres juridiques qui définissent clairement les rôles et les responsabilités des autorités et des communautés de pêche; et
Nous soutenons les initiatives qui améliorent la résilience des communautés, en particulier face à la rareté des ressources, en les aidant à réduire les pertes après récolte ou en développant des alternatives d'approvisionnement, dans le but d'offrir aux jeunes des perspectives de moyens de subsistance décents à long terme.
Dans cet article, l'auteur analyse le rapport principal qui plaide pour une augmentation des financements en faveur de la conservation, Financing Nature, et s'appuie sur des exemples de pêche et de gouvernance des océans pour révéler les failles de ses calculs. L'auteur déplore également le fait que l'accent mis sur l'augmentation des dépenses détourne les discussions essentielles sur les causes profondes de la crise et il dénonce le rapport comme étant un outil au service du financement de la conservation, une publication performative qui présente des opportunités d'investissement privé.