Début Janvier, le président de l’Association sénégalaise APRAPAM, Gaoussou Guèye, a réitéré son appel pour le développement d’une pêcherie thonière artisanale au Sénégal. Il se pose la question pourquoi le Sénégal, où la pêche occupe 600.000 personnes et où beaucoup de ressources côtières sont surexploitées, montre si peu d’intérêt pour développer un secteur solide de pêche thonière. Développer la pêche thonière locale, y compris artisanale, permettrait aux pêcheurs de pêcher de nouvelles ressources, plus au large des côtes.
Il y a quelques semaines, la CAOPA, dont Gaoussou Gueye est le président, relevait que « jusqu’à ce jour, le Sénégal n’a pas soumis de plan ambitieux de développement d’une flotte thonière sénégalaise au niveau de la CICTA », la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique, organisation qui alloue l’accès aux principales ressources thonières dans la région. « C’est d’autant plus étonnant que, à côté de cela, le Sénégal envoie des thoniers sénégalisés, d’origine coréenne notamment, pêcher au Liberia », souligne la CAOPA.
Gaoussou Gueye insiste : « Ne serait-il pas plus judicieux pour le Sénégal de se concentrer sur le développement d’une pêche thonière durable, y compris artisanale, dans ses propres eaux, plutôt que de laisser la pêche au thon en grande partie dans les mains d’acteurs étrangers, avec peu de retombées pour la pêche locale ? »
Certains estiment que le manque d’intérêt pour le développement d’une pêche thonière vient du fait que les sénégalais ne consomment pas du thon, mais Gaoussou Gueye estime que le problème ne doit pas être abordé en termes de consommation seulement, mais en termes d’opportunités, en essayant de voir comment développer une pêche thonière artisanale durable. Pour lui, cela permettrait également de « combattre le phénomène de l’émigration clandestine qui frappe durement les pêcheurs et autres acteurs du secteur », en leur offrant de nouvelles opportunités de pêche.
Tant APRAPAM que la CAOPA demandent que le Sénégal, en concertation avec les acteurs du secteur de la pêche, élabore un plan de développement durable de la pêche thonière sénégalaise, y compris artisanale, et soumette ce plan au niveau de la CICTA afin d’avoir un meilleur accès aux ressources et des quotas à l’avenant.
Dans cette optique du développement d’une pêche artisanale thonière durable au Sénégal et dans d’autres pays africains, CAPE et CAOPA ont une position conjointe visant à mettre en place un système d’allocation de l’accès au thon qui donne la priorité à ceux qui pêchent de la façon la plus durable. Cela remettrait en cause les mécanismes actuels, fondés sur des droits de pêche historiques, qui donnent la part du lion aux pays européens et asiatiques, et reconnaîtrait les aspirations des pays en développement à tirer davantage profit de la pêche au thon, notamment en fournissant un accès à leurs communautés locales de pêche artisanale.
Photo de la bannière: Découpeurs de thon, à Abidjan, par Alexandre Rodríguez.
Dans une prise de position, APRAPAM s’interroge sur la proposition du gouvernement de soutenir la production d’aliments de poissons et insiste plutôt sur l’importance d’un plan d’aménagement pour les petits pélagiques et la priorisation de l’alimentation humaine.