Le pays d'Afrique de l'Ouest a acheté des équipements pour un centre de surveillance des pêches grâce aux fonds de l’appui sectoriel de l’Accord de pêche UE. Les pêcheurs gambiens réclament plus de transparence, comme la publication de la liste des licences de pêche, ce qui faciliterait la surveillance participative.
Un nouveau centre de surveillance des pêches (FMC) a été lancé à Banjul, grâce aux fonds de l’appui sectoriel de l'accord de partenariat pour une pêche durable (APPD) UE-Gambie. Un article dans le journal gambien The Point cite le représentant du Département de la Pêche de Gambie, qui a déclaré que les agents représentant les opérateurs de pêche et les propriétaires de navires qui enfreignent la réglementation nationale en matière de pêche « seront confrontés à la pleine force de la loi ».
Lors du lancement du FMC, la Directrice de la Pêche et des Ressources Aquacoles, Anna Mbenga Cham, a souligné que les eaux gambiennes sont envahies par des navires qui empiètent sur des zones qui leur sont interdites et utilisent des maillages non conformes, en violation des lois. Elle a également expliqué que le nouveau Centre de Surveillance des Pêches (FMC) est équipé du système VMS, qui permet d'assurer une surveillance maritime 24 heures sur 24 via une interface web sécurisée. D'autres équipements - ordinateurs, transpondeurs - ont également été achetés avec les fonds de l’appui sectoriel, et une formation de cinq jours a été organisée pour l'activation des transpondeurs.
SOUTIEN DE l’UE à la lutte contre la pêche INN
Lorsque l'APPD a été signé en juillet 2019, une priorité clé pour l'utilisation de l’appui sectoriel était en effet d'aider la Gambie à « développer des activités de pêche responsables et durables », notamment pour le suivi, le contrôle et la surveillance des pêches (MCS) et la lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN). Cet accent était le bienvenu, car les activités de pêche illégale ont proliféré en Gambie au cours de la dernière décennie, y compris le cas d'un chalutier de l'UE, faisant partie d'une flotte de chalutiers italiens pêchant en Gambie, arrêté en 2015, pour avoir pêché avec un engin de pêche illégal.
En Novembre 2020, un journal gambien a rapporté que l'UE avait versé sa contribution annuelle de l’appui sectoriel de 275 000 € et qu'une partie de ces fonds de l'APPD avait été utilisée pour acheter des équipements pour le centre de surveillance des pêches. Depuis la signature de l'accord, l'UE soutient la Gambie pour renforcer ses capacités de surveillance afin de pouvoir surveiller efficacement ses eaux territoriales, selon une déclaration de l'ambassadeur de l'UE. Outre les fonds de l'appui sectoriel utilisés pour le FMC, en 2019, l'Agence européenne de contrôle des pêches (EFCA) a formé vingt inspecteurs de pêche gambiens aux techniques de contrôle en mer et au débarquement dans le cadre du projet PESCAO.
TRANSparence et surveillance participative
M. Dawda Foday Saine, de l'Association Nationale des Opérateurs de Pêche Artisanale (NAAFO) et Secrétaire général de la Confédération africaine des organisations de pêche artisanale (CAOPA) a salué ces initiatives. Cependant, il a également souligné que, pour dissuader efficacement les activités INN dans les eaux gambiennes, il était également vital d'avoir plus de transparence dans les pêcheries gambiennes, notamment avec la publication régulière de listes actualisées des navires sous licence, la liste des infractions, et d'appliquer efficacement les lois et d'appliquer des amendes à ceux qui ne les respectent pas. Cette demande de plus de transparence dans la pêche maritime gambienne fait écho à la demande de la CAOPA aux pays de la région de suivre l'exemple de la Mauritanie et d'appliquer les normes de l'Initiative pour la transparence de l'industrie de la pêche (FiTI).
L'accord de partenariat UE-Gambie soutient le « suivi participatif dans la lutte contre la pêche INN » (voir la section 3 sur le contrôle et l'inspection), qui invite les navires de l'UE à signaler la présence dans la zone de pêche gambienne de tout navire se livrant à des activités susceptibles de constituer une pêche INN. Si la liste des navires détenteurs d'une licence était rendue publique, les pêcheurs artisanaux gambiens pourraient également contribuer à cette tâche et identifier les chalutiers industriels qui exercent des activités susceptibles de constituer une pêche INN dans la zone de pêche gambienne.
Photo de l’entête: Plage de Gunjur, Gambie, par Mamadou Aliou Diallo.
Alors que l’accord de pêche est en renégociation, le Sénégal entame un dialogue formel avec l’UE sur la lutte contre la pêche INN. Dans le cadre de ce dialogue, l’Union européenne a une responsabilité : celle de mieux contrôler les bateaux d’origine européenne, et celle de les sanctionner lourdement quand ils ne respectent pas les règles.