Le 16 juin, la commission de la pêche du Parlement européen (PECH) a examiné la proposition de protocole quinquennal portant application, pour la période 2021-2026, de l'accord de partenariat pour une pêche durable (APPD) entre la République gabonaise et l'Union européenne.
Le représentant de la Commission européenne a expliqué qu'il s'agissait d'un protocole « plus ambitieux » que le précédent : La contribution totale par an est de 2,6 millions d'euros, dont 1 million alloué à l'appui sectoriel.
Les députés européens membres du PECH ont demandé des informations supplémentaires concernant l'utilisation des fonds de l'appui sectoriel, une demande qui a également été faite à plusieurs reprises par la société civile et les organisations africaines de pêche artisanale. L'eurodéputée Caroline Roose a insisté sur la nécessité de « voir les retombées socio-économiques [locales] » de la pêche au thon, et a été rejointe par l'eurodéputée Izaskun Bilbao qui a demandé « les programmes spécifiques et les objectifs concrets » à atteindre.
Développer la pêche thonière locale
Alors que la Commission européenne a énuméré les principales priorités pour l'utilisation de l'appui sectoriel - lutte contre la pêche INN, développement des zones marines protégées et soutien à la chaîne de valeur du thon -, elle a noté que les programmes spécifiques seraient « définis avec le Gabon lors de la commission mixte » d'ici septembre 2021.
La République du Gabon a, à plusieurs reprises, « exprimé l'intérêt » de développer sa chaîne de valeur de la pêche au thon, conformément à sa vision pour 2025 « Gabon émergent », bien que la Commission ait noté que « la route est longue pour que le Gabon ait un secteur qui exporte ». « Un mécanisme de concertation avec l'industrie » sera également mis en place par le Gabon qui inclura aussi « les investisseurs et les opérateurs de pêche ».
La Commission n'a pas répondu à la question de l'eurodéputé Roose concernant le soutien à la pêche artisanale locale. La pêche artisanale gabonaise produit plus de 20 000 tonnes de thon par an, mais cela ne couvre pas la demande nationale en poisson, qui est évaluée à 70 000 tonnes.
Pêche exploratoire de la crevette profonde
L'eurodéputée Caroline Roose a également exprimé son inquiétude concernant la disposition relative à la « pêche exploratoire » de démersaux et de crevettes pour quatre chalutiers de l'UE, et a demandé quels étaient les impacts sur les écosystèmes et les prises accessoires. Une étude réalisée en 2013 a révélé que les captures d'un kilo de crevettes d'eau profonde s'accompagnaient de 3 à 25 kg de prises accessoires de Sparidae et de 3 à 7 kg de prises accessoires de merlu juvénile. Le représentant de la Commission a assuré qu'un « certain nombre de garanties ont été mises en place pour que cette pêche respecte la ressource » avec « la contribution des scientifiques concernés ». Le député Roose a insisté sur l'approche de précaution pour cette pêche.
Photo de l’entête: Vincent van Doornick/European Parliament.
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