Le 18 mai 2021, le LDAC, un organe consultatif de l'UE composé de parties prenantes de la chaîne de valeur de la pêche lointaine de l'UE et d'ONG, a adopté à l'unanimité un avis à la Commission européenne sur la ‘Promotion de la gestion régionale durable de la pêche pour les ressources partagées en Afrique de l'Ouest’ : "De tels efforts sont nécessaires de toute urgence pour garantir que les ressources halieutiques sont évaluées, gérées et exploitées de manière durable et transparente, au bénéfice principalement des consommateurs africains".
L'avis note que la Commission européenne a montré son soutien à la transformation du Comité des pêches pour l'Atlantique Centre-Est (COPACE) en une ORGP, et a financé une étude visant à identifier les options pour soutenir un meilleur fonctionnement du COPACE. Cependant, "ce document se concentre sur le renforcement des capacités et le financement du COPACE, mais ne fait aucune proposition concernant la transformation du COPACE en ORGP".
Dans sa réponse du 17 juin, la directrice générale de la DG MARE, Mme Charlina Vitcheva, a reconnu que "l'étude est incomplète" et qu'elle a envoyé ses commentaires au COPACE pour qu'il les intègre avant une "discussion spécifique sur [cette] étude" qui est prévue lors de la prochaine réunion annuelle du COPACE en 2022.
Selon le LDAC, il est essentiel à ce stade de compléter ce travail par une perspective sur les étapes concrètes qui mèneraient à la formation d'une ORGP non thonière en Afrique de l'Ouest. C'est ce qu'a fait la Conférence ministérielle sur la coopération en matière de pêche entre les États africains riverains de l'océan Atlantique (COMHAFAT) dans une étude qui présente un projet de convention fondatrice d'une ORGP, qui aurait le pouvoir d'adopter des mesures de conservation et de gestion contraignantes.
L'étude de la COMHAFAT note que les parties contractantes pourraient adopter, en priorité, des mesures de gestion et de conservation pour les petits stocks pélagiques et/ou démersaux partagés qui revêtent une importance particulière pour la sécurité alimentaire des populations africaines, en raison de la nécessité d'atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) adoptés par les Nations unies et notamment l'ODD 14. Dans son avis, le LDAC appelle l'UE à prendre pleinement en considération ces travaux dans ses efforts pour promouvoir la gestion durable des stocks partagés en Afrique de l'Ouest. Mme Vitcheva a concédé dans sa réponse que "certains aspects [de l’étude de la COMHAFAT] apportent un complément essentiel" à l'étude du COPACE.
À plus court terme, l'UE peut déjà contribuer aux efforts de gestion régionale en soutenant le groupe de travail de la FAO sur les petits pélagiques. Le LDAC réfléchit également aux négociations actuelles de l'Accord de partenariat pour une pêche durable entre l'UE et la Mauritanie, suggérant que les actions suivantes pourraient être prises pour promouvoir la gestion régionale des ressources partagées de petits pélagiques :
Augmenter considérablement l'échantillonnage des captures pélagiques ;
Mettre en œuvre les recommandations du groupe de travail de la FAO sur l'évaluation des petits pélagiques au large de l'Afrique du Nord-Ouest ;
Initier des consultations avec le Sénégal voisin sur la gestion conjointe de la sardinelle.
La directrice générale de la DG MARE a également précisé dans sa réponse que, dans le cadre de ces négociations, ils prennent en compte les recommandations scientifiques sur le "cas spécifique des petits pélagiques" et que la Mauritanie "travaille actuellement à la préparation d'un plan de gestion dédié".
Dans ce troisième article de la série sur la pêche en Mauritanie, les auteurs passent en revue l'état de surexploitation des stocks de petits pélagiques, examinent les moyens par lesquels l’Accord de partenariat de pêche durable (APPD) UE-Mauritanie aborde la question et reviennent sur la demande de plusieurs parties prenantes d’une organisation régionale de gestion des pêches pour les stocks de petits pélagiques partagés.