Le nouvel accord de partenariat entre l'Organisation des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OACPS) et l'Union européenne, qui devrait être signé au premier semestre 2022 à Apia (Samoa), guidera les relations entre les deux blocs pour les vingt prochaines années.
Il comprendra un socle commun au niveau de l'OACPS combiné à trois protocoles régionaux pour l'Afrique, les Caraïbes et le Pacifique, afin de permettre de se concentrer sur les besoins spécifiques de chacune des régions. L'UE et l'OACPS ont pour objectif de faire face ensemble aux problèmes mondiaux à travers cet accord, y compris la croissance et le développement économique durable, le changement climatique, le développement humain et social, - qui sont tous des défis clés pour la pêche artisanale ACP également. Le nouvel accord prévoit également un rôle actif pour la société civile, notamment dans les dialogues réguliers de partenariat qui fixeront régulièrement les priorités et conviendront des actions potentielles.
Afin de mieux cerner le rôle de la société civile dans le nouvel accord de partenariat, le CESE a organisé, les 16 et 17 décembre, les 29èmes consultations des acteurs économiques et sociaux de l'OACPS-UE. Alifereti Tawake, président du réseau ‘Locally Managed Marine Areas’ (LMMA, aires marines gérées localement), qui travaille avec des pêcheurs à petite échelle et des communautés côtières à travers 7 îles du Pacifique, est intervenu lors de ces consultations. M. Tawake a présenté les défis et les expériences de ces aires marines LMMA dans la région du Pacifique où la pêche côtière est d'une grande importance : La culture du Pacifique, la sécurité alimentaire ainsi que d'innombrables emplois viennent des écosystèmes marins côtiers des ACP du Pacifique.
Lorsqu'il s'agit de relever les défis clés de la gestion de la pêche et de la réduction de la pauvreté, M. Tawake a insisté sur les contributions que les communautés de pêcheurs côtiers peuvent apporter aux « solutions basées sur la nature, en garantissant la résilience des communautés comme objectif premier, pour assurer la résilience de nos systèmes alimentaires ». Il a souligné que le réseau LMMA était un « pionnier dans la défense de la capacité des communautés à diriger les efforts de conservation avec la science et les connaissances traditionnelles ». Il a souligné l'importance du travail en réseau à tous les niveaux, de la communauté de pêche aux organismes régionaux.
Au cours de ses 20 ans d'existence, l'une des principales réalisations du réseau LMMA a été de travailler de manière inclusive avec les parties prenantes : « Rien qu'aux Fidji, le travail a commencé avec 6 communautés à la fin des années 90. Aujourd'hui, 460 communautés constituent le réseau national de LMMA. Tout le monde est impliqué dans le travail des aires marines, « pas seulement les chefs, mais aussi nos mères qui prennent soin des ressources et les jeunes qui fournissent l'énergie et sont notre avenir ». Le travail dans les aires marines gérées localement comprend l'utilisation d'une « variété d'outils de gestion, la limitation de la pêche destructive et la réduction des menaces terrestres ».
L'appel à un dialogue avec les décideurs est également une priorité pour les acteurs de la pêche artisanale des pays ACP. Récemment, le réseau LMMA et la Confédération africaine des organisations de pêche artisanale (CAOPA), qui regroupe des hommes et des femmes de la pêche artisanale de 27 pays africains, ont proposé d'engager une discussion avec l'OACPS, notamment à l'occasion du Conseil des ministres de la pêche et de l'aquaculture de l'OACP, qui se tiendra à Accra en avril 2022. « Nos membres sont particulièrement intéressés à contribuer, par le partage d'expériences et d'initiatives innovantes, à la résolution des problèmes auxquels sont confrontés les pays ACP, tels que la sécurisation de l'accès de la pêche artisanale aux ressources halieutiques côtières par des approches fondées sur les droits, la promotion du rôle des femmes dans la pêche artisanale, et la protection des activités de pêche artisanale ACP dans le contexte de l'économie bleue », ont souligné Alifereti Tawake, président du réseau LMMA, et Gaoussou Gueye, président de la CAOPA.
Avec leurs vastes réseaux, leurs connaissances approfondies, leurs expériences et leurs leçons à partager, des organisations telles que LMMA et CAOPA soulignent comment l'implication continue et significative de la société civile sera la clé de la réussite de la mise en œuvre du futur accord OACPS-UE en matière de relations de pêche.
Photo de l’entête: Des pêcheurs artisans qui pêchent depuis la plage à Ilonde, Guinée Bissau, par Carmen Abd Ali.
L'auteure formule 4 recommandations qui vise à rendre la dimension extérieure de la PCP plus efficace : (1) l'UE devrait passer d'accords d'accès à des accords de gouvernance des pêches, (2) tout en continuant à soutenir la participation éclairée des parties prenantes dans les pays tiers ; (3) elle devrait veiller à ce que tous les navires d'origine européenne, y compris ceux qui se repavillonnent, respectent les normes de durabilité ; et (4) elle devrait s'engager activement au niveau international à promouvoir des accords d'accès transparents, équitables et durables applicables à toutes les flottes d'origine étrangère qui pêchent dans les pays en développement.