La coalition ‘Transform Bottom Trawling’ (Transformer le chalutage de fond) a organisé, lundi le 8 novembre, un panel de discussion dans le cadre de la COP26 intitulé « Le chalutage de fond et un avenir sans carbone : que faut-il changer ? ».
Cet évènement, à la fois ouvert à des participants sur place et à distance, a réuni un nombre important d’intervenants représentant plusieurs organisations partout dans le monde. Les discussions ont été diffusées en direct de Glasgow, la ville écossaise dans laquelle se déroulent les travaux de la COP26.
La pratique du chalutage de fond est depuis longtemps critiquée par les défenseurs de l’environnement marin et par les organisations de pêche artisanale. De nouvelles recherches suggèrent que le chalutage de fond contribue aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, ce qui rend le chalutage une activité humaine avec une empreinte carbone assez forte. Ces nouvelles recherches confirment que cette activité est incompatible avec le développement durable et avec une véritable transition verte.
Sophie Benbow, la modératrice du débat, de Fauna & Flora International, une organisation membre de la Transform Bottom Trawling Coalition a ouvert le débat en déclarant que « le chalutage de fond est une méthode de pêche intrinsèquement dévastatrice et pourtant elle est normalisée », elle a présenté ensuite les quatre demandes de la coalition: étendre et renforcer les zones d’exclusion du chalutage qui seront réservées à la pêche artisanale, interdire le chalutage de fond dans les aires marines protégées, mettre fin aux subventions au chalutage de fond et « geler l’empreinte carbone » en empêchant l’expansion de cette pratique.
Les différentes interventions ont montré, d’un point de vue pratique, à quel point le chalutage présente des risques majeurs pour l’équilibre des écosystèmes et à la pérennité des ressources halieutiques. Bally Philps de la Fédération écossaise des pêcheurs à la nasse a expliqué à quel point l’empreinte carbone du chalutage est significative, tout en étant une source de déstabilisation des écosystèmes et un facteur menant vers une extinction progressive des espèces de poisson dans les eaux écossaises. Jenny Crockett, de l’organisation COAST (Community of Arran Seabed Trust), s’est focalisée sur l’importance des espèces marines qui absorbent le carbone et qui sont massivement détruites par le chalutage libérant ainsi ce carbone dans l’eau et éventuellement dans l’atmosphère. Elle a conclu que la mise en place d’aires marines protégées doit être considérée parmi les premières solutions à proposer.
Mise à jour le 16 décembre : L'étude (Sala et al., 2021) suggérant que le chalutage de fond contribue massivement au changement climatique est en train d'être reconsidérée par la communauté scientifique. De nombreux experts affirment que la quantité de carbone remise en suspension dans la colonne d'eau selon le modèle sur lequel l'étude était basée était "surestimée". En outre, l'article de Sala et al. était basé sur un autre article qui a été rétracté en octobre 2021 par Les Comptes-rendus de l'Académie Nationale des Sciences des États-Unis d'Amérique.
Source : https://sustainablefisheries-uw.org/flawed-mpa-science-retracted/
L’impact du chalutage sur la pêche artisanale
Mr. Gaoussou Gueye, Président de la Confédération Africaine des Organisations professionnelles de Pêche Artisanale (CAOPA) a parlé de l’impact du chalutage de fond sur les côtes africaines et sur les communautés de pêche. Les effets du changement climatique sont déjà visibles pour les communautés côtières africaines et Mr. Gueye a rappelé les dangers du chalutage sur la productivité des fonds marins et la stabilité des écosystèmes dans la région. Les chalutiers pêchent souvent d’une manière illégale dans les zones réservées à la pêche artisanale, détruisant leurs filets et leurs ressources. Il a demandé que les dirigeants africains profitent de l’Année internationale de la pêche et de l’aquaculture artisanale (IYAFA) pour prendre conscience de l’importance de la pêche artisanale et de ce fait la protéger contre les dégâts causés par le chalutage de fond. Il a finalement demandé des droits exclusifs d’accès à la zone côtière pour la pêche artisanale africaine, signifiant une exclusion des chalutiers de cette zone vitale pour les petits pêcheurs. Selon lui : « Un chalutier de fond industriel qui pêche à quelques miles de la côte dans un pays tropical africain c’est un éléphant dans un magasin de porcelaine. Nous ne pouvons plus l’accepter ».
Cette position a été reprise par Béatrice Gorez, coordinatrice de CAPE, qui a confirmé la nécessité non seulement d’établir des zones de pêche artisanale mais aussi d’en confier la gestion aux communautés de pêcheurs artisanaux. En effet, selon Gorez, il faut arrêter de subventionner les chalutiers de fond, et rediriger ces subventions plutôt vers les communautés côtières vulnérables qui sont les premières à être touchées par le changement climatique. Elle a conclu enfin que « il n’y a pas de place pour le chalutage de fond sur la côte africaine ».
Photo de la bannière: Un chalutier ex-URSS, 2007. Wikimedia commons.
Dans cet article qui traite du renouvellement du protocole de l’APPD UE-Guinée-Bissau, l’auteure, d’une part, passe en revue les points essentiels de l’accord du point de vue de la pêche artisanale locale et relaye ses demandes et, d’autre part, détaille l’aspect de la durabilité : bien que le protocole ne permette pas aux flottes européennes de pêcher des petits pélagiques en situation de surexploitation, au moins 4 navires d’origine européenne se seraient repavillonés en Guinée-Bissau et pêcheraient ces espèces, mettant à mal la sécurité alimentaire de la région et concurrençant la pêche artisanale.