Le 11 octobre, la Commission de la Pêche du Parlement européen (PECH) a examiné le protocole de mise en œuvre de l’accord de partenariat dans le secteur de la pêche entre la République gabonaise et la Communauté européenne (2021 – 2026).
Ce nouveau protocole, signé et entré en application provisoire le 29 juin 2021, vient remplacer un protocole conclu en avril 2007 et qui avait expiré en 2016.
La Commission de la pêche a déjà échangé une première fois sur ce protocole le 16 juin. Pendant cette session d’octobre, les eurodéputés ont demandé plus d’informations concernant la gestion des fonds dédiés à l’appui sectoriel, ils ont également soulevé des questions sur l’avenir de la pêche artisanale au Gabon et aussi sur la protection des écosystèmes marins.
Izaskun Bilbao Barandica, en sa qualité de rapporteure, a présenté les grandes lignes du protocole : 27 thoniers senneurs, 6 thoniers canneurs et 4 chalutiers seront autorisés à pêcher dans les eaux gabonaises, et la contribution financière s’élève à 2,6 millions d’euros : 1,6 millions d’euros en contrepartie à l’accès aux ressources halieutiques et 1 millions d’euros pour le soutien au développement du plan stratégique de la pêche gabonaise.
La rapporteuse a énuméré un nombre de recommandations qui devraient permettre une application efficace de ce protocole. Elle a d’abord demandé plus de transparence concernant l’appui sectoriel : « La Commission devrait publier les plans et les objectifs atteints dans l’appui sectoriel des accords avec des pays tiers » et a demandé aussi un effort supplémentaire pour la prise en considération des femmes dans les pêcheries gabonaises à travers cet appui. D’autres activités de l’appui sectoriel devraient être l’amélioration de la gouvernance en renforçant le suivi, le contrôle et la surveillance des navires pêchant dans les eaux du Gabon. Elle a clôturé cette intervention par un rappel de l’importance de soutenir et renforcer la pêche artisanale.
Des doutes sur la durabilité
Caroline Roose, rapporteure fictive pour le GVPE, a déclaré être déçue de ce nouveau texte lié au « deuxième accord thonier le plus important de l’UE », elle a exprimé son désaccord quant à l’introduction des quatre chalutiers pour une pêche exploratoire de la crevette profonde en rappelant les risques liés à cette pratique et notamment en relation avec les captures accessoires. Elle a estimé que cet accès n’est pas en ligne avec la politique commune de la pêche (PCP), « dans un pays où des nombreux stocks sont surexploités et où les données manquent ».
D’autre part, l’eurodéputée a critiqué le manque de retombées socio-économiques pour le Gabon, car les thons capturés ne vont pas être débarqués dans ce pays mais plutôt dans d’autres pays de la région, en Europe ou en Asie. Mme Roose a conclu que le protocole actuel semble aller « à l’encontre du principe de la cohérence des politiques pour le développement ».
Le représentant de la Commission européenne, Mr Emmanuel Berck, a répondu aux questions soulevées par Mme Roose en annonçant une série d’actions comme par exemple le financement de plusieurs centres de pêche artisanale avec des femmes et des jeunes. Il a également parlé de l’amélioration de la collecte des données et de la surveillance pour renforcer le contrôle et d’un plan pour financer la protection des écosystèmes marins. Concernant la pêche exploratoire, Mr Berck a défendu l’introduction des 4 chalutiers en expliquant qu’ils sont destinés à « tester la faisabilité d’une pêche profonde de crevettes », afin de décider si elle peut devenir commerciale « tout en respectant les précautions qui vont avec ».
Photo de l’entête : façade du Parlement européen, par Guillaume Périgois/Unsplash.
La commission mixte de l’APPD Mauritanie-UE se tiendra du 4 au 6 décembre à Nouakchott. L’auteure de cet article émet des recommandations à la lumière des conclusions du Comité des pêche pour l’Atlantique centre-est (COPACE). Dans son dernier rapport, le COPACE faisait état de la situation catastrophique des stocks partagés de petits pélagiques et préconise une réduction substantielle et immédiate de l’effort de pêche de 60 % pour la sardinelle plate et ronde.