Bien qu'il soit illégal pour les navires étrangers de pêcher au Ghana, au cours de la dernière décennie, les navires appartenant à des Chinois ont proliféré. Des hommes d'affaires bien connectés avec le pouvoir servent de couverture à cette industrie de la pêche au chalut. Le Ghana perd 50 millions d'euros par an, mais le plus inquiétant est le fait que la surpêche sévère a un impact sur la sécurité alimentaire et la nutrition dans le pays.
Nous sommes le 12 janvier 2022 et sur les rives de Prampram, une communauté de pêcheurs de la région du Grand Accra, près du port industriel et de pêche de Tema, une vingtaine de pêcheurs sont réunis dans un hangar. Ils devraient normalement être dehors dans leurs pirogues, mais en ce mardi matin, ils jouent aux dames tout en discutant de leurs malheurs dus à la prolifération des chalutiers industriels appartenant et gérés par des Chinois.
Généralement à la faveur de l'obscurité, les bateaux de pêche industriels s'aventurent dans les eaux de la côte ghanéenne, près du Togo. Les navires appartenant à des Chinois prolifèrent et semblent désormais contrôler les eaux ghanéennes et l'industrie de la pêche, produisant et fournissant du poisson aux entrepôts frigorifiques du Ghana et du Togo, dont beaucoup appartiennent en grande partie à des étrangers. Le Ghana n'a pas d'accord de pêche officiel ou bilatéral avec la Chine. Mais les investisseurs et les entreprises de pêche chinoises viennent au Ghana par une "porte dérobée" : ils font appel à des Ghanéens très en vue qui, moyennant finances, les représentent. Ils concluent des contrats de société mixte en vertu desquels les Chinois amènent leurs navires au Ghana, les enregistrent au nom des Ghanéens et utilisent le pavillon ghanéen comme s'il s'agissait de navires locaux, alors qu'en réalité les propriétaires sont chinois. Les équipages des navires sont composés de chinois qui sont les opérateurs techniques et les instructeurs, ce que nous a confirmé le directeur en chef du Ministère de la Pêche.
Nos enquêtes ont révélé que des Ghanéens servent de couverture aux Chinois en échange d'une commission initiale de 1 500 à 2 000 dollars, à laquelle s'ajoutent environ 5 % des revenus annuels générés par les navires.
Sur son site web, en mai 2022, la société de pêche chinoise Shandong Oceanic a affiché des photos de son importante flotte de chalutiers de pêche dans les eaux ghanéennes, montrant clairement sa présence et sa domination dans les eaux maritimes territoriales du Ghana.
L'utilisation par les sociétés de pêche chinoises de méthodes non autorisées et non approuvées pour le chalutage des poissons au fond, de pleine eau et de surface est très préoccupante. Selon nos informations, les bateaux utilisent des filets dont les ouvertures ne sont pas approuvées, dans le but de capturer tous les poissons. Ces navires chinois sont également accusés par les pêcheurs locaux de fixer d'énormes lumières dans la mer la nuit pour attirer et capturer facilement d’importantes quantités de poisson.
Les parties non désirées des prises sont ensuite vendues en haute mer aux pêcheurs locaux et aux navires étrangers, dans le cadre de ce que les experts décrivent comme un transbordement et que l'on appelle localement "saiko", qui est illégal. Le saiko est un gros commerce dans des endroits comme Elmina et le port de pêche de Takoradi. Les pêcheurs fixent des réfrigérateurs dans leurs piroguess et leurs chalutiers en bois pour stocker les sardinelles et autres prises achetées aux chalutiers industriels chinois. [Cette pratique, sous le feu des projecteurs de la pêche artisanale, des organisations de la société civile et des médias, semble avoir changé ces derniers mois et les activités seraient menées dans les ports, plutôt qu'en mer, ndlr.]
Dans le principal port de pêche de Tema, au Ghana, on trouve des navires tels que l'AFKO 805 AFRICA PRINCESS, l'AFRICA STAR, l'ATLANTIC QUEEN, le LONG TAI 1 et le LONG TAI 2 exploités comme navires appartenant à Shandong Zhonglu, selon les informations obtenues auprès du Ministère de la Pêche. D'autres navires chinois comme MENGXIN3 MENGXIN 4, LU RONG YUAN YU, 219 LU RONG YUAN YU 968, LU RONG YUAN YU 969 opèrent également dans les eaux ghanéennes du Golfe de Guinée et de l'Océan Atlantique.
En juin 2019, le LU RONG YUAN YU 956, un chalutier chinois, a été appréhendé dans les eaux ghanéennes avec à son bord des filets illégaux et des petits pélagiques juvéniles. Ces petits pélagiques constituent les ressources de base capturées par les pêcheurs artisans piroguiers locaux. Une amende totale d'un million de dollars américains a été imposée au bateau par l’administration, mais les propriétaires du navire ont refusé de payer. En mai 2020, ce navire a de nouveau été arrêté pour des infractions similaires et pour avoir utilisé des filets dont le maillage était inférieur au niveau légalement accepté. Il s’en est de nouveau sorti sans conséquence.
les plus touchés par la surpêche et la prolifération des navires chinois
Beatrice Otoo, 40 ans, transforme le poisson selon la méthode traditionnelle du four de fumage Chokor, à Accra, depuis 20 ans. Mais l'activité de transformation du poisson s'est réduite ces derniers temps. « Le marché s'est effondré. Les gens n'achètent plus notre poisson comme avant, car ils disent qu'il est cher et que leurs conditions de vie sont difficiles. En outre, le poisson est rare de nos jours. Auparavant, nous achetions du poisson aux pêcheurs artisans locaux, mais aujourd'hui, les pêcheurs n'apportent plus de poisson. Ce qu'ils apportent est insuffisant pour le marché. Nous dépendons donc maintenant de ce que les Chinois apportent dans les différents entrepôts frigorifiques de Tema. Ces jours-ci, il n'y a plus de captures abondantes... même pas au mois d'août, lorsque les captures de poissons étaient massives. Oui, c'est à cause des gros chalutiers industriels chinois qui prennent tous les poissons de la mer. Je suis allée au marché aujourd'hui et j'ai fait un profit de ghc50 cedis (5 euros) que je viens dépenser avec mes enfants, j'irai à nouveau demain et je vendrai pour faire ce peu de profit. Je suis vraiment fatiguée et inquiète ».
« Si rien n'est fait pour enrayer la situation (concernant les chalutiers), notre activité risque de s'effondrer. Un carton de poisson frais coûte aujourd'hui environ 450 ghc, il y a quelques semaines il était vendu à environ 250 ghc, cette augmentation est de plus de 250 pour cent et elle continue. Je n'aime vraiment pas faire ce métier à cause de la rareté du poisson et de l'escalade des prix ».
Mary Aku Allotey, âgée de 47 ans, transforme le poisson depuis plus de 27 ans. Selon elle, l'activité de transformation du poisson n'est plus lucrative depuis quelques années. « Il y a des années, nous faisions des bénéfices avec cette activité, mais plus maintenant. Les choses sont difficiles aujourd'hui. Les autorités et les forces du marché ne cessent d'augmenter le prix du poisson et nous n'avons pas d'argent pour soutenir notre activité. Nous n'avons pas non plus de bons maris pour s'occuper de nous et de nos enfants ».
« Tout le fardeau a été mis sur nos épaules. Prendre soin de nos enfants grâce à la transformation du poisson qui est non rentable, c'est comme marcher en enfer sur terre ».
Elle dit que se plaindre ne sert à rien.
« Les exploitants d'entrepôts frigorifiques nous disent que les taxes imposées par le gouvernement sur eux et sur le poisson sont élevées, ce qui augmente le coût des produits. De plus, la plupart des poissons pêchés par les chalutiers au Ghana sont envoyés au Togo. Les autorités sont au courant de ce que je vous raconte. Nous allons donc parfois au Togo pour acheter du poisson lorsqu'il devient rare au Ghana, cela double le prix en raison du coût du transport et des droits d'importation. Parfois, lorsque nous allons au port de pêche de Tema et que nous n'obtenons pas de poisson, nous sommes obligés d'aller dans des endroits comme Takoradi, Elmina, et même au Bénin pour acheter du poisson ».
Un carton de poisson aujourd'hui (12 juin 2022) coûte entre ghc450 et ghc500 cedis, alors qu'il coûtait ghc250 il y a 4 mois. Le prix d'un carton de poisson aujourd'hui aurait même augmenté pour se situer entre 600 et 1 000 cedis ghc.
« L'activité de transformation du poisson est devenue un défi qui nous endette plutôt qu'une entreprise rentable. Nous nous endettons tous les jours parce que les pêcheurs artisans locaux ne rapportent plus de poisson et que nous devons dépendre des entrepôts frigorifiques pour le poisson coûteux apporté par les chalutiers chinois. Maintenant, tous nos enfants sont devenus des voleurs et des brigands parce que lorsqu'ils mangent à la maison et qu'ils n'ont pas assez ou ne sont pas satisfaits, ils ont recours au vol et au brigandage ».
Il y a quelques années, seuls le thon et le saumon étaient vendus en cartons à la "classe privilégiée" de la société. « Aujourd'hui, ils mettent tout dans les cartons, les gros comme les petits, les poissons juvéniles, les sardinelles et nous les vendent à des prix scandaleux », dit Mme Allotey.
Oko Aryee, un pêcheur de 50 ans, est préoccupé par l'utilisation de la lumière par les bateaux qui pêchent de nuit. « Ils pêchent dans une zone non autorisée et utilisent des lumières pour attirer les poissons. Ils capturent donc des poissons juvéniles qui auraient dû pouvoir grandir davantage. Je peux dire que nous sommes condamnés si rien n'est fait pour remédier à cette situation. Il faut trouver une solution d’urgence ».
Ishmael Aryee est un pêcheur artisan de 42 ans qui pratique la pêche depuis 24 ans. « Ils utilisent des filets dont le maillage est inférieur aux normes légales fixées par la Commission des Pêches et s'en servent pour récolter les petits poissons pélagiques au large ».
« Il y a de nombreuses années, lorsque j'ai rejoint mon père dans le secteur de la pêche, on ne pouvait pas venir sur les rives de Prampram sans trouver du poisson de mer frais de toutes sortes. Nous attrapions et récoltions quotidiennement d'énormes volumes de poissons. Aujourd'hui, les choses ont changé et nous n'en avons plus parce que ces chalutiers chinois utilisent des engins de pêche non autorisés pour ratisser les profondeurs de la mer et s'emparent de tout dans leurs navires pour le vendre. Ils font du transbordement et vendent à tous les navires qu'ils croisent en mer, au Ghana et au Togo. Ils vendent à n’importe qui a de l'argent pour payer (en haute mer). Si je ne me trompe pas, plus de 60 % des stocks de poissons dans nos eaux ont disparu à cause de leurs activités de pêche illégale ».
Les pêcheurs locaux opèrent à partir de pirogues équipées de petits moteurs alimentés par du carburant. « Il ne nous reste rien après avoir dépensé de l'argent pour acheter du carburant pré-mix pour alimenter nos pirogues », déclare M. Aryee.
Mike Abekah Edu, Secrétaire Régional pour l'Ouest du Ghana National Canoe and Fishermen Council (GNFCC), affirme que le fait d'autoriser les chalutiers étrangers à pénétrer dans les eaux ghanéennes a décimé les stocks de poissons, en particulier les espèces de petits pélagiques habituellement capturées par les pêcheurs artisans. Ce déclin a poussé les pêcheurs vers des activités illégales.
« En tant que représentant des pêcheurs artisans, nous soutenons à 100 % l’arrêt de tous les chalutiers. Nous demandons au gouvernement de les suspendre pendant trois ou quatre ans afin d'assainir le secteur de la pêche. Leurs activités sont la cause de la pêche illégale au Ghana et ce même dans le secteur de la pêche artisanale. Le gouvernement devrait les suspendre pendant 4 ans pour voir renaître et réanimer le secteur de la pêche. Pour que les poissons pélagiques et les petits poissons se reconstituent, il faut qu'il y ait une période de transition pour eux. Je ne pense pas que l'on ait besoin de ces Chinois dans notre industrie de la pêche. Quoi que vous leur disiez, ils s’en fichent, se cachent dans l'obscurité et pratiquent une pêche illégale et irresponsable. Le Ghana perd environ 7 millions de dollars chaque année en raison des droits de licence de pêche et des amendes des chalutiers, qui sont bien trop faibles par rapport aux profits qu'ils génèrent. Les droits de licence sont faibles par rapport à d'autres pays ».
Nii Asempa, 48 ans, travaille comme pêcheur depuis 28 ans. Il était également candidat à l'Assemblée lors des récentes élections de l'Assemblée de district de Ningo Prampram. Il a déclaré à l'équipe d'enquêteurs qu'ils ont déposé plusieurs plaintes à plusieurs niveaux concernant l'utilisation de filets et de navires de pêche chinois qui contribuent à l'épuisement des stocks de poissons du Ghana, mais qu'il n'y a pas eu de réponse tangible de la part du gouvernement ni de l’administration.
M. Asempa et d'autres pêcheurs ont fait part de leurs préoccupations aux autorités à plusieurs reprises et ont protesté et manifesté contre les chalutiers, mais il affirme que les activités de transbordement sont couvertes par certains fonctionnaires de la Commission de la pêche et qu'elles sont effectuées « en catimini » en mer.
Osa Sagbo, un pêcheur de 47 ans, accuse les autorités de « déformer et de modifier les chiffres pour cacher la vérité. C'est consternant et malheureux. Ce genre d'attitude à notre égard, c’est la recette pour provoquer une confrontation entre les pêcheurs locaux et les étrangers. Cela a le potentiel de déclencher un conflit majeur entre nous ».
Ago Martey, 55 ans, est pêcheur artisan depuis 40 ans et affirme qu'il n'a jamais vu le genre de destruction de l'industrie de la pêche qui se produit aujourd'hui en raison des activités des chalutiers chinois. « Avant l'arrivée massive des chalutiers chinois, nous faisions quotidiennement de bonnes captures de différents types de poissons. Le poisson était en abondance et nous, les pêcheurs, pouvions vendre pour subvenir à nos besoins et à ceux de nos familles. Aujourd'hui, la situation a changé ».
"SAIKO", le transbordEMENT DES PRISES ACCESSOIRES DES CHALUTIERS
Kwadwo Kyei Yamoah, le directeur des programmes de Friends of the Nation (FoN), l'une des ONG actives dans le secteur de la pêche au Ghana, a déclaré dans une interview : « Lorsque ces chalutiers ont commencé à opérer dans nos eaux il y a de nombreuses années, la plupart d'entre eux ne ciblaient pas les espèces de poissons menacées comme les sardinelles, car celles-ci étaient réservées aux pêcheurs locaux ».
M. Yamoah a déclaré que les exploitants de chalutiers rejetaient à la mer la partie des captures qu’ils n’utilisaient pas.
« Bien que ces rejets soit contraire à la loi, les amendes pour cette pratique, n'étaient pas suffisantes pour les dissuader », a-t-il expliqué.
Les pêcheurs locaux observaient ces rejets et se sont approchés des chalutiers pour négocier les prises rejetées, ce qui a donné naissance à la pratique du transbordement.
Cela s'est transformé en une compétition entre les pêcheurs locaux dont certains partaient en mer juste pour récupérer les poissons « indésirables" des chalutiers chinois. « La plupart des pêcheurs se sont alors familiarisés avec les chalutiers industriels et ont commencé à faire du troc avec eux. Ils envoyaient des légumes, de l'huile et d'autres articles à ces navires en haute mer en échange du poisson indésirable, également appelé “seite" en chinois, ce qui signifie que ce qui est mauvais doit être jeté ».
Le commerce en mer s'est transformé en une association de pêcheurs piroguiers, l’association pour les prises accessoires, qui se sont formés eux-mêmes au commerce du transbordement ou « saiko ». « Aujourd'hui, ils achètent du poisson aux chalutiers chinois en raison de l'espace illégal qui leur a été fourni pour opérer. Il est triste de constater que toute une industrie a émergé à Elmina à partir de ce commerce illégal ».
« Le système de chalutage industriel permet à des individus puissants, ayant des connexions politiques, d’entrer en possession de licences de pêche. Il est très difficile d'obtenir un permis de pêche au Ghana, à moins d'avoir des relations politiques ou d'être dirigé par quelqu'un qui a des relations politiques. Les non-politiques chercheront généralement le soutien des politiques pour tenter d'obtenir des licences ».
« Dans le secteur de la pêche, les opérateurs des chalutiers ne sont pas puissants, c'est la faiblesse du système qui les a rendus puissants », déclare M. Yamoah.
« Le poisson est la source de protéines la moins chère et les Ghanéens en consomment beaucoup. Presque tous les aliments vont de pair avec le poisson, même le petit-déjeuner, et lorsqu'il y a du poisson disponible, vous voyez les effets en matière de nutrition et de santé. Il y a quelques années, lorsqu'il y avait des captures importantes, le poisson était présent en abondance, même dans les régions éloignées de la côte. Ainsi, lorsque les récoltes de poisson diminuent, cela affecte sérieusement la sécurité alimentaire. Mais ce n'est pas tout, cela affecte également l'emploi, la santé et le bien-être des pêcheurs et des personnes à charge des pêcheurs. Cela affecte parfois leur éducation et ils ont du mal à se procurer trois repas par jour » lorsqu'il y a pénurie.
Règlement extrajudiciaire
Selon Kwadwo Kyei Yamoah, « la section 116 de la loi sur la pêche traite de la détermination des infractions et de l'introduction d'un comité de règlement extrajudiciaire. Les auteurs des infractions, une fois qu'ils ont reconnu leurs torts, négocient ensuite le montant des amendes à payer. La norme est que la plupart du temps, les amendes imposées par le comité de règlement extrajudiciaire sont inférieures au seuil minimum prévu par la loi. Si, par exemple, la loi stipule que lorsqu'une personne se livre au saiko, l'amende minimale doit être d'un million de dollars américains, elle est parfois bien inférieure au montant stipulé. Cela soulève donc des questions ».
Les amendes ne sont pas non plus cohérentes. « Par exemple, une personne (un exploitant de chalutier) commet une infraction passible d'une amende de 1 000 000 €, mais le comité de règlement extrajudiciaire ne lui facture que 100 000 €. Une autre personne commet la même infraction et se voit infliger une amende de 50 000 € ».
En outre, M. Yamoah explique qu’il n'est pas obligatoire pour les navires opérant au Ghana d'avoir des numéros de l'Organisation maritime internationale (OMI). Il s'agit de numéros qui permettent aux régulateurs et aux contrôleurs de suivre et de repérer les navires où qu'ils se trouvent dans le monde. Ces numéros indiquent la date de leur fabrication et le type de pêche qu'ils sont censés ou autorisés à pratiquer. Le numéro OMI ne change pas. « Pour nous aider à traquer les contrevenants multiples, même le long des côtes, nous devons donc obliger les opérateurs à afficher les numéros de leurs navires. Cela doit être inscrit dans la loi ».
« Manque de volonté politique »
Assurer la supervision des agences de régulation pour éviter les omissions et les commissions contribuerait à relever certains des défis du secteur de la pêche, selon M. Yamoah.
« Lorsque nous parlons d'omissions ou d'illégalités réglementaires, il s'agit d'agences de régulation qui regardent ailleurs et refusent de faire leur travail ; parfois, il existe des incitations pour qu'elles abandonnent leurs devoirs, regardent ailleurs et trouvent des excuses », explique M. Yamoah.
Beaucoup de ces activités peuvent être stoppées à terre. Toute illégalité qui se produit en mer commence à terre.
Dans le secteur artisan, la Ministre de la Pêche, Mavis Hawa Koomson, a émis une directive selon laquelle tout site de débarquement dont il est établi qu'il s'est livré à une forme quelconque d'activité de pêche illégale, non réglementée ou non déclarée se verra refuser l'approvisionnement en carburant prémix.
Lorsque le gouvernement est incapable d'appliquer la loi, il commence parfois à rejeter la faute sur les autres. Une industrie entière a émergé à Elmina à partir d'activités commerciales illégales.
Des anomalies flagrantes dans le système
« On me dit que nos agences de sécurité et le système sont fermes mais je ne vois pas cela en pratique sur le terrain », affirme M. Yamoah.
« Notre système de chalutage industriel permet à des individus potentiellement puissants ayant des connexions politiques de posséder des licences de pêche. Une fois que cela se produit, par exemple, dans les cas où des financeurs de partis politiques possèdent des licences de pêche, il devient difficile pour les partis politiques au pouvoir de faire quelque chose concernant ces financeurs ».
En 2008, le ministre d'État avait ordonné aux exploitants de chalutiers de débarquer dans un port de pêche désigné et ils ont obéi. Mais cette pratique a pris fin avec le changement de gouvernement.
Rien qu'à travers la pêche à la saiko ou le transbordement, le Ghana perd plus de 50 millions de dollars par an. « Nous perdons également des sommes énormes du fait que nous importons environ 60 % de notre consommation et que nous accordons des subventions qui ne peuvent être récupérées. Par exemple, si vous entendez le gouvernement demander aux pêcheurs de mettre fin à la pêche illégale, c'est comme si le gouvernement demandait aux voleurs armés de mettre fin aux vols ».
Pour Nii Asempa, Stephen Quartey, Osa Sorgbo, Ishmael Aryee Ago Martey, Oko Ayee et de nombreux autres pêcheurs, les pêcheurs chinois sont très puissants en raison de la protection que leur accordent les pouvoirs politiques et les politiciens du Ghana.
Comme il n'y a pas de volonté politique de mettre fin à la capture et à l'invasion des Chinois, leurs activités vont continuer à s'aggraver jusqu'à ce qu'il y ait un soulèvement contre ces pêcheurs.
Photo de l'entête : Toutes les photos sont reproduites avec la permission de M. Kwabena Adu Korateng, sauf la photo de l'entête qui est de Yoel Winkler, via Unsplash.
La FAO a organisé un atelier à Accra (Ghana) du 5 au 7 décembre sur le thème : « Optimiser la sécurité alimentaire et nutritionnelle et les avantages de la production de petites espèces pélagiques en Afrique subsaharienne ». Dans une présentation conjointe, CAOPA et CAPE ont alerté de l’impact du déclin de la sardinelle en Afrique de l'Ouest sur les pêcheurs, les femmes transformatrices de poisson et les consommateurs.