Le 27 septembre, le Ministère de la Pêche et de l’Economie bleue du Madagascar s’est engagé à rejoindre l’Initiative pour la Transparence des Pêches (FiTI). Cette décision vient renforcer les efforts du pays pour consolider la transparence et renforcer la gestion durable des pêches à Madagascar.
Le Ministère considère que ce « petit pas » aura des effets positifs sur le développement de la pêche dans le pays et surtout sur la protection des droits des générations futures.
La FiTI qui se définit comme « un partenariat mondial qui vise à accroître la transparence et la participation pour une gestion plus durable de la pêche marine », a salué cette adhésion. Selon la page accordée à Madagascar dans le site de la FiTI, les efforts qui ont mené à cet engagement ont commencé depuis octobre 2020 et ont réuni différents acteurs gouvernementaux et de la société civile dans ce pays.
Suite à cette décision, la Confédération Africaine des Organisations Professionnelles de la Pêche Artisanale (CAOPA) a publié un communiqué pour accueillir cette demande d’adhésion. Elle en a profité pour émettre des recommandations afin que la transparence dans la pêche africaine serve à rendre plus visible et mettre en valeur la pêche artisanale africaine.
La transparence n’est pas un geste volontaire, C’est un droit
La CAOPA explique qu’il ne suffit pas pour un pays d’adhérer à la FiTI, mais que les Etats africains doivent tenir leurs engagements et publier des informations crédibles d’une façon régulière afin d’atteindre une transparence réelle. Selon la CAOPA, la transparence n’est pas un geste volontaire mais plutôt un droit fondamental des citoyens « et en particulier pour ceux dont la vie dépend de la pêche ». Pour mieux mettre en évidence la nature obligatoire de la transparence, le communiqué a rappelé les différents instruments juridiques internationaux tels que la Convention d’Aarhus sur l’accès à l’information, la participation du public au processus décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement, signée le 25 juin 1998, et demande un « équivalent africain » de cette Convention.
La CAOPA rappelle les lacunes de la transparence dans les pêcheries africaines. Pour elle, l’opacité qui caractérise l’octroi des licences aux navires industriels, les autorisations pour les usines de farine de poisson, l’utilisation des fonds de l’aide étrangère ou les permis d’exploration et d’exploitation minière dans les zones côtières continuent de susciter l’indignation de la société civile africaine. Ces permis et ces autorisations, vont permettre des activités dont les effets risquent de toucher directement la sécurité alimentaire des communautés côtières, demeurent régis et décidés unilatéralement par des gouvernements qui sont réticents à en partager les détails.
Plus de visibilité pour la pêche artisanale
Pour la CAOPA, la transparence dans les pêcheries africaines doit également servir à rendre plus visible la pêche artisanale. L’organisation explique que le développement de la pêche artisanale en Afrique reste limité par le manque de données. Ces lacunes empêchent les décideurs de prendre connaissance de l’importance de ce secteur. De ce fait, les communautés dépendantes de la pêche artisanale et notamment les femmes restent marginalisées à cause de ce manque d’informations vis-à-vis de leurs réalités. La COAPA a déclaré que « les pays africains doivent améliorer considérablement les études sur le secteur de la pêche artisanale et veiller à ce que ces informations soient bien diffusées ».
Enfin, la CAOPA rappelle que « la transparence n’est pas une fin en soi » et que « les conventions telles que la convention d’Aarhus ne se concentrent pas sur la transparence de manière isolée, mais elles renforcent tous les aspects de la démocratie ». La CAOPA s’engage donc à faire campagne « non seulement pour la transparence, mais aussi pour l’amélioration de la participation et de la responsabilité, afin que la voix de la pêche artisanale soit prise en compte dans les processus décisionnels, et ce, à tous les niveaux ».
Photo de l’entête : Image d’illustration. Embarcation artisanale à Madagascar, par Karimjy Louloua/Unsplash
Pour que l’accord contribue efficacement aux Objectifs de Développement Durable, il est essentiel que les prochaines négociations, avant la treizième conférence ministérielle, se focalisent la principale menace à la pêche artisanale en Afrique : la surpêche et la surcapacité, surtout par le biais des navires d’origine étrangère.