À l’occasion de la Journée Mondiale de la Pêche, les déclarations du Collectif Pêche et Développement et de la Confédération Africaine d’Organisations de Pêche Artisanale se rejoignent dans leur demande de mettre en œuvre les Directives volontaires de la FAO
Une année 2020 marquée par la pandémie Covid-19 et ses effets dévastateurs aboutit à une crainte renouvelée que les pêcheurs soient à nouveau mis à l’écart dans des prises de décisions qui les concernent. Dans sa déclaration pour la Journée Mondiale de la Pêche (JMP), le 21 Novembre, la Confédération Africaine des Organisations de Pêche Artisanale (CAOPA) déclare que « le cœur battant de l’économie bleue en Afrique, c’est la pêche artisanale qui nourrit nos populations ».
En effet, depuis le début de la pandémie, la CAOPA insiste sur le fait que cette crise a révélé le manque de politiques d’appui à la pêche artisanale : services de base comme l’électricité ou l’accès à l’eau potable, sécurité à bord des pirogues, protection des zones côtières du chalutage industriel, et enfin des politiques pour encourager l’emploi des plus jeunes. Pour les communautés de pêche artisanale africaines, cette crise doit « être l’occasion pour les gouvernements et les acteurs […] pour améliorer à long terme les conditions de vie et de travail des hommes et des femmes tout au long de la filière ».
Pour ce faire, la CAOPA avertit que ce n’est pas en « poursuivant des idées de croissance bleue basée sur le profit économique rapide » que les communautés côtières verront leurs conditions s’améliorer, mais qu’il faut « s’impliquer activement dans la reconstruction des communautés » par la mise en œuvre des Directives Volontaires de la FAO pour une pêche artisanale durable, avec des plans d’action nationaux, élaborés de façon transparente, participative et sensible aux enjeux de genre.
Dans sa déclaration « Qui veut la disparation des pêcheurs ? », le Collectif Pêche et Développement tire aussi la sonnette d’alarme sur une « volonté, parfois évidente, […] de les [les pêcheurs] marginaliser pour laisser la place à des activités plus lucratives de l’économie bleue ». Il soulève en outre la problématique de l’intérêt croissant – poussé par certaines ONG environnementalistes- envers des aires marines protégées (AMP) « un phénomène qu’ils nomment « colonialisme bleu », « multipliant les AMP interdites à la pêche » qui « en Europe et ailleurs, n’associe que rarement les pêcheurs artisans aux décisions sur les océans, dont ils sont pourtant gestionnaires séculaires ».
Ce collectif répète, comme depuis longtemps, que l’aquaculture est « une vieille lune qui a déjà démontré ses limites » et que la pêche, en Europe, reste essentielle pour nourrir la population avec des produits de qualité. En Afrique aussi, « si l’on laisse la pêche artisanale décliner, c’est à une grave crise alimentaire » que le continent devra faire face, souligne la CAOPA.
Le collectif rejoint aussi la CAOPA en demandant plus de participation des hommes et femmes de la pêche artisanale dans la gestion des ressources et la protection de l’environnement, ainsi que dans la prise de décisions à tous niveaux locaux, comme globaux, concernant les océans. Pour ce collectif aussi, les décideurs doivent « s’engager à répondre aux attentes de la société et à poursuivre leurs engagements pour une pêche durable, en s’appuyant sur les directives volontaires de la FAO ».
Photo de l’entête par Yoel Winkler - Unsplash/@yoel100
Dans cet article, l'auteur analyse le rapport principal qui plaide pour une augmentation des financements en faveur de la conservation, Financing Nature, et s'appuie sur des exemples de pêche et de gouvernance des océans pour révéler les failles de ses calculs. L'auteur déplore également le fait que l'accent mis sur l'augmentation des dépenses détourne les discussions essentielles sur les causes profondes de la crise et il dénonce le rapport comme étant un outil au service du financement de la conservation, une publication performative qui présente des opportunités d'investissement privé.