Les organisations représentant les acteurs européens et africains du secteur de la pêche ont adopté un avis conjoint, qui a été envoyé à l'Union africaine et à l'Union européenne, sur la manière dont les politiques de l'UE, en particulier les accords de partenariat pour une pêche durable (APPD) signés entre l'UE et les pays africains, pourraient être mieux exploités pour promouvoir les activités des femmes dans le secteur de la pêche en Afrique.
Le réseau AFRIFISH-Net, qui représente les acteurs non étatiques de la pêche en Afrique, et le Conseil consultatif de la pêche lointaine de l'UE (LDAC en anglais) ont entamé l'année dernière un dialogue et une collaboration afin que « les jeunes hommes et femmes européens et africains du secteur de la pêche puissent trouver des moyens de subsistance durables contribuant à stabiliser la population, à promouvoir l'évolution des carrières, à contribuer à la résilience au changement climatique et à la préservation des valeurs et des communautés locales ». AFRIFISH-Net et le LDAC ont également soutenu l'Appel à l'action de la pêche artisanale lancé en 2022, qui souligne, en priorité, la nécessité de garantir la participation des femmes dans le secteur de la pêche et de soutenir leur rôle dans l'innovation.
L'avis adopté note que, compte tenu du problème combiné de la surexploitation de certaines espèces comme les petits pélagiques, et de l'impact du changement climatique qui modifie la disponibilité et la distribution de ces stocks, les femmes ont moins de poisson à transformer et à vendre. Il invite donc l'UE à s'efforcer d'améliorer l'accès des femmes à la matière première pour la transformation et/ou la vente, en : (1) intensifiant ses efforts pour promouvoir la gestion régionale durable des petits pélagiques en Afrique du Nord-Ouest ; (2) encourageant l'utilisation de ces ressources pour la consommation humaine, plutôt que pour la farine et l'huile de poisson, et (3) en veillant à ce que les navires originaires de l'UE ne contribuent pas à la surexploitation de ces ressources de petits pélagiques.
Conformément à l'Appel à l'action de la pêche artisanale, il demande en outre à l'UE, par le biais de l'appui sectoriel des APPD et du partenariat Europe-Afrique, de « soutenir les investissements dans des techniques innovantes de transformation et de commercialisation (fours de fumage améliorés, entrepôts frigorifiques fonctionnant à l'énergie solaire, etc. ».
Sur cette question, en réponse à un avis antérieur sur ce même sujet, la Commission européenne avait répondu que « les accords de partenariat pour la pêche durable peuvent contribuer grandement à soutenir la capacité de transformation du poisson », en prenant comme exemple l'appui sectoriel du protocole d'APPD signé avec la Guinée-Bissau, qui a permis de remettre en état une usine de salage du poisson (salage-séchage) gérée par une coopérative de femmes dans la municipalité de Buba (au centre-est du pays).
L'AFRIFISH-Net et le LDAC insistent sur le fait que l'UE devrait également soutenir les efforts des femmes pour s'engager activement dans les processus de prise de décision, y compris pour les décisions de gestion de la pêche telles que l'attribution de l'accès aux flottes étrangères. Un premier pas dans ce sens serait d'inclure systématiquement les groupes de femmes dans les consultations pour les évaluations ex-ante et ex-post des APPD, et de prendre dûment en considération, dans ces évaluations, « tout impact potentiel sur les femmes dans les communautés de pêche ».
Photo de l'entête: Deux femmes transformatrices de poisson lors des célébrations de la Journée mondiale de la pêche en novembre 2023 au Bénin. Photo par CAPE.
Dans cet article, reconnaissant que l'Afrique de l'Ouest a été pionnière pendant des décennies en matière de réforme de la pêche artisanale, Hugh Govan examine les principaux obstacles à la cogestion dans la région. Citons un manque de volonté politique, qui se traduit par de faibles allocations budgétaires ; un soutien insuffisant et mal ciblé aux organisations de pêche ; les rôles et les responsabilités des communautés de pêche restent mal définis dans la cogestion ; le non-respect des zones exclusivement réservées à la pêche artisanale ; et une défense inadéquate des droits humains et en particulier du rôle important des femmes dans la pêche artisanale.