Le sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires (UNFSS) qui aura lieu le jeudi 23 septembre 2021 continue de susciter les critiques de nombreux acteurs et organisations de la société civile partout dans le monde.
Deux jours avant le Sommet à New York (21-22 septembre), elles lancent une contre mobilisation en ligne nommée « Sommet Mondial des Peuples » pour demander la transformation radicale des régimes alimentaires actuels vers des systèmes alimentaires justes, équitables, sains et durables. Elles dénoncent « l'influence néolibérale de l'UNFSS » et cherchent à « amplifier la voix des personnes affamées et marginalisées en faveur de systèmes alimentaires qui fonctionnent ».
Bien que l'UNFSS soit présenté comme un moyen permettant d’atteindre les objectifs du développement durable (ODD) et de préparer la sortie de la crise sanitaire liée au COVID-19, plusieurs mouvements de la société civile insistent sur le détournement des finalités du sommet par les grandes entreprises allant jusqu’à mettre en péril la sécurité alimentaire mondiale.
Un processus opaque et exclusif
Les reproches au UNFSS sont multiples : d’une part, le manque de transparence et de mécanismes de responsabilité, d’autre part, l’alignement de cette initiative avec la mondialisation des systèmes alimentaires privilégiant la recherche des gains financiers au détriment des intérêts des communautés vulnérables partout dans le monde et notamment dans les pays en développement.
En réponse, plusieurs mouvements avaient décidé de ne pas participer aux évènements liés au Sommet et de lancer une contre mobilisation. Du 25 au 28 juillet 2021, plus de 300 organisations qui représentant les petits producteurs alimentaires, des chercheurs et également des représentant de la pêche artisanale se sont rassemblées en ligne. Dans une déclaration elles ont souligné qu’ « un modèle de développement prédateur, centré sur le contrôle des ressources, la mainmise sur les débats politiques et l'influence des réglementations par les entreprises a engendré un système alimentaire mondial qui abandonne encore aujourd'hui plus de deux milliards de personnes à la faim, la malnutrition et la misère économique ».
Par ailleurs, d’autres acteurs qui initialement avaient décidé de faire partie de ce sommet se sont retirés des travaux, comme les membres d’IPES FOOD le 26 juillet. Ils ont déclaré que des « incohérences affaiblissent le travail effectué de bonne foi par de nombreux acteurs » et « créent un dangereux précédent pour l'ensemble du système des Nations unies et menacent d'ouvrir une nouvelle ère de «multi-partenariat» dirigé par les entreprises ».
Les préoccupations de la pêche artisanale africaine
Dans une déclaration conjointe, CAPE et ses partenaires ont également exprimé leurs préoccupations par rapport à l’approche des organisateurs du sommet, notamment en relation avec la pêche artisanale, choisissant également de ne pas participer au sommet et de soutenir les évènements parallèles au pré-sommet. Ils rappellent l'importance de la pêche pour la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté en Afrique.
Ces derniers critiquent aussi la place importante accordée à l’aquaculture industrielle à grande échelle dans les travaux du UNFSS en la présentant comme une alternative à la pêche et comme la solution face à la faim et à l’insécurité alimentaire. Selon CAPE et ses partenaires, cette valorisation de l’aquaculture est incompatible avec les intérêts des pêcheurs artisanaux et des femmes transformatrices de poisson dont les ressources alimentaires sont surexploitées pour être transformés en farine de poisson et alimenter le poisson de l’aquaculture.
Photo de l’entête : Débarquement de poisson au quai de Joal (Sénégal). Aliou Diallo/REJOPRA.
A la suite de l'émission d'un carton jaune au Sénégal de la part de l'Union européenne (UE), les négociations de l'accord de pêche entre l'UE et le Sénégal sont au point mort. Avec le carton jaune du Sénégal, les négociations de l'accord de pêche entre l'UE et le Sénégal sont au point mort. Au même moment, l'UE négociera le renouvellement de son APPD avec la Gambie, dont les eaux sont bordées de part et d'autre par celles du Sénégal. Comment les flottes de l'UE vont-elles utiliser l'accès aux eaux gambiennes, alors qu'elles risquent de se voir interdire l'accès aux eaux sénégalaises ?