Un nouveau rapport de la fondation Changing Markets classe huit enseignes françaises en fonction de la manière dont elles abordent les implications en matière de durabilité des produits aquacoles qu'elles vendent
Près d'un cinquième des débarquements mondiaux de poisson est utilisé pour produire de la farine et de l'huile de poisson (FMFO) pour nourrir le bétail et les poissons d'élevage en aquaculture. À mesure que cette industrie se développe, elle exerce une pression croissante sur certains stocks de poissons utilisés pour produire la farine et l’huile de poisson. En Afrique de l'Ouest, les stocks de petits pélagiques, en particulier la sardinelle, traditionnellement pêchés par les pêcheurs artisanaux, transformés par les femmes et consommés par la population locale, sont de plus en plus surexploités pour alimenter les usines de farine de poisson en Mauritanie, au Sénégal et en Gambie, ce qui met en péril la sécurité alimentaire de la région.
Pour sensibiliser à cette question, la fondation Changing Markets a publié en octobre 2019 un rapport approfondi sur la catastrophe de la production de farine de poisson dans le monde, y compris le cas de la Gambie. Il y était indiqué que l'industrie de la farine de poisson "précipitait l'effondrement des stocks de poissons, compromettait la sécurité alimentaire et détruisait le tissu social et économique des communautés vivant à proximité des zones de pêche historiques".
À la suite de ce rapport, la Fondation a mené des études visant à déterminer comment les supermarchés de différents pays occidentaux (Allemagne, Royaume-Uni, Autriche...) abordaient l'utilisation de poissons sauvages dans leurs chaînes d'approvisionnement en produits aquacoles. Ces études concluent que les consommateurs sont en grande partie méconnaissants quant aux impacts sociaux et environnementaux de l'aquaculture. Par exemple, les consommateurs britanniques ont consommé sans le savoir 172 g de poisson sauvage pour chaque 100 g de poisson d'élevage consommé, "dont la quasi-totalité aurait pu être consommée directement par des personnes." Les Français sont les troisièmes plus gros consommateurs de produits de la mer en Europe, pourtant les supermarchés "manquent de transparence" et il est très difficile "de connaître la méthode de production ou le pays d'origine de nombreux produits."
Cependant, grâce à ses précédentes recherches, la fondation a constaté que les deux plus grands producteurs de saumon d'élevage, les sociétés norvégiennes Mowi et Lerøy, s'approvisionnent en grandes quantités de farine et d'huile de poisson en Afrique de l'Ouest et au Pérou, où les FMFO posent de nombreux problèmes environnementaux et sociaux "notamment l'effondrement des populations de poissons, les pratiques de pêche illégales et l'épuisement des stocks de poissons."
Le rapport propose des méthodes alternatives d'alimentation des poissons, par exemple à base d'insectes, et se conclut par plusieurs recommandations à l'intention des chaînes de supermarchés, des consommateurs et des pisciculteurs, les appelant à éliminer de leurs chaînes d'approvisionnement les farines et les huiles provenant de poissons sauvages d’ici 2025. "Les supermarchés ont un pouvoir d'influence considérable", a déclaré Juan-Felipe Carrasco, auteur du rapport. "Dans leur rôle d'intermédiaires entre les producteurs aquacoles et les consommateurs, ils sont les acteurs les plus puissants du marché."
Plus d’informations:
Lire le rapport complet "Dans les mailles du filet" par Changing Markets
Mauritanie : comment assurer l'exploitation durable des petits pélagiques
Rapport "Fishing for Catastrophe" (“Pêcher la catastrophe”) - sur l'industrie de la farine de poisson, y compris le cas de la Gambie, par Changing Markets (en anglais)
Que pouvez-vous faire : recommandations visant à réduire l'utilisation de la farine et l’huile de poisson à l'intention des consommateurs, des détaillants, de l'industrie et des décideurs politiques (en anglais)
Illustration de l’entête: Première page du rapport, avec la permission de Changing Markets Foundation.
Le dernier compte rendu de la réunion du dernier Comité Scientifique Conjoint (CSC) de l’accord de partenariat pour une pêche durable entre l’Union européenne et la Mauritanie révèle qu'il reste un long chemin à parcourir pour garantir que toutes les flottes de l'UE actives en Mauritanie pêchent de manière durable, notamment en ce qui concerne le contrôle et la limitation des prises accessoires et des rejets.