Grâce à un fonds mis en place dans le cadre de l’APPD UE-Côte d’Ivoire, la coopérative USCOFEP-CI a acheté un conteneur frigorifique et l’a placé à San Pedro, une zone poissonneuse à l’Ouest du pays, qui manquait de moyens de conservation et où de grandes quantités de débarquements de la pêche artisanale étaient ainsi perdues
Au cours des commissions mixtes de 2016 et 2018 sur la mise en œuvre du protocole de l’Accord de partenariat de pêche durable (APPD) entre l’Union européenne et la Côte d’Ivoire, la partie européenne a manifesté son intérêt d’appuyer les femmes transformatrices, afin de les aider à avoir un meilleur accès à la matière première, notamment en leur donnant un accès direct au ‘faux thon’ débarqué à Abidjan par les flottes européennes et en soutenant l’amélioration de leurs conditions de vie grâce au financement de diverses actions. Ceci était le résultat de plusieurs années de plaidoyer de la part de CAPE et ses partenaires (en Côte d’Ivoire, la coopérative de femmes USCOFEP-CI). Le Ministère des ressources Animales et Halieutiques ivoirine (MIRAH), par le biais du Programme d’Appui à la Gestion Durable des Ressources Halieutiques (PAGDRH), a ainsi mis en place un fond, provenant de la contrepartie financière de l’APPD, pour contribuer à améliorer le revenu des femmes transformatrices.
Avec un premier montant de 17 Millions de francs CFA (approx. 26 000€), l’USCOFEP-CI a acheté un conteneur frigorifique de quarante pieds pour la conservation et conditionnement du poisson. Le comité de gestion interne de l’USCOFEP-CI a décidé de le placer à San-Pedro, une zone poissonneuse 300 km à l’Ouest d’Abidjan, où, étant donné le manque de moyens de conservation, de grandes quantités de poisson débarqués sont perdues. Grâce au conteneur frigo, ces pertes après-capture seront fortement diminuées, et les quantités supplémentaires de poissons congelés qui pourront être commercialisées ravitailleront aussi les coopératives de femmes transformatrices d’Abidjan, en attendant la mise en place d’un accès aux débarquements de faux thon à Abidjan.
En effet, les femmes transformatrices ont souligné que les difficultés pour y accéder continuent, et la crise du Coronavirus n’a pas joué en leur faveur. Depuis la mi-mars, des mesures de distance sociale et autres restrictions ont été progressivement appliquées par le gouvernement de la Côte d'Ivoire pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Les femmes de l’USCOFEP-CI ont mis tout en œuvre pour assurer la poursuite de leurs activités afin que la nourriture soit dans l'assiette de leurs familles mais aussi de la population ivoirienne. Le poisson représente en moyenne 22 % de l'apport en protéines en Afrique subsaharienne et dans certains pays, ce chiffre dépasse 50 %.
Le conteneur à San-Pedro, acheté avec un fonds dans le cadre de l'APPD, contribuera à améliorer les conditions de travail et de vie des femmes transformatrices de San Pedro et d’Abidjan, en facilitant la collecte, la conservation et la commercialisation des produits de la pêche de la zone, en réduisant les pertes après captures, et en permettant d’approvisionner les membres de l’USCOFEP-CI pour qu’elles continuent les activités pendant les périodes creuses à Abidjan. « C’est la première fois que nous voyons un impact positif concret de l’accord de pêche avec l’Union européenne au niveau des communautés de pêche, en particulier des femmes transformatrices », se réjouit Micheline Dion, Présidente de l’USCOFEP-CI.
Photo de l’entête: Célébration de la journée internationale de la femme à Locodjro par l’USCOFEP-CI en mars 2020. Par Andréa Durighello/GIZ.
Le rapport annuel des exportations de produits halieutiques confirme la tendance: le Sénégal devient, après la Mauritanie et la Gambie, un des pays qui favorise la production et l’exportation de farine et d’huile de poisson au détriment de la nutrition de sa population.