À l’occasion d’une rencontre en ligne de la COMHAFAT, les organisations professionnelles de pêche artisanale, réclament que les gouvernements africains ratifient et mettent en oeuvre la Convention 188 OIT sur le travail dans la pêche ainsi que les directives volontaires visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale
Depuis que la pandémie du Covid 19 a touché les côtes africaines, la Confédération africaine des organisations professionnelles de la pêche artisanale (CAOPA) et ses membres se sont mobilisés pour rappeler à leurs décideurs l’importance de la pêche pour la sécurité alimentaire et leur demander de prendre des mesures urgentes en consultation avec le secteur afin que les pêcheurs, mareyeurs et femmes transformatrices puissent poursuivre leurs activités. Comme ils l’ont déjà souligné depuis avril au travers d’une lettre aux gouvernements des 25 pays de la CAOPA, ce secteur a souffert terriblement des mesures de restriction pour lutter contre le Covid 19, mais les organisations professionnelles ont malgré tout pris des initiatives pour sensibiliser sur les mesures d’hygiène et d’éloignement nécessaires. « La crise du Covid 19 doit être l'occasion de répondre aux défis existant de longue date dans la pêche artisanale et d'améliorer à long terme les conditions d'hygiène et de travail des hommes et des femmes de la filière », ils soulignent.
À l’occasion d’un webinaire de la Conférence ministérielle sur la coopération halieutique entre les états africains riverains de l’océan Atlantique (COMHAFAT) intitulé « La nécessaire protection des marins pêcheurs durant la pandémie de COVID-19 : La promotion de la ‘médecine de mer’ » le 13 août dernier, la CAOPA a émis des recommandations sur comment améliorer ces conditions de travail. En reprenant notamment deux outils de base, la Convention 188 de l’Organisation internationale du travail (OIT) concernant le travail dans la pêche, et les Directives Volontaires de la FAO pour une Pêche artisanale durable, les pêcheurs artisans professionnels demandent à leurs gouvernements de ratifier la C188 et de mettre en place des mesures pour l’appliquer. Néanmoins, cette convention ne couvre pas toute la chaine de valeur du poisson, explique la CAOPA : les femmes, pourtant bien présentes tout au long de la filière et actives surtout à terre, font face à des conditions de travail précaires. Cette préoccupation a été prise en compte en 2014 par les Directives Volontaires visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale de la FAO, dans lesquelles le chapitre 6 porte sur le développement social, l’emploi et le travail décent. La CAOPA demande ainsi aux gouvernements africains de mettre en œuvre ces directives au travers de plans d’action nationaux élaborés de manière transparente, participative et sensible aux enjeux de genre.
À la fin du webinaire de la COMHAFAT, des recommandations, reprenant notamment les demandes formulées par la CAOPA, ont été énoncées et seront publiées dans les semaines à venir.
Notes:
Pour plus d’informations sur les outils pour améliorer les conditions de travail dans la chaîne de valeur du poisson :
Lire l’intervention de la CAOPA en entier
Cliquez ici pour le texte de la Convention 188 sur le travail dans la pêche. Seulement quatre états africains l’ont ratifié : le Congo (2014), l’Angola (2016), la Namibie (2018), et le Sénégal (2018).
ICSF a développé en 2007 un guide pour comprendre la Convention 188.
Directives Volontaires de la FAO pour une Pêche artisanale durable. La FAO est en train d’élaborer un guide pour la durabilité sociale dans les chaînes de valeur pêche et aquaculture. CAPE et CAOPA ont rédigé une contribution commune en juillet 2019.
Photo entête: Quelques femmes de la CAOPA lors de l’assemblée générale de novembre 2019 à Mbour (Sénégal). Mamadou Aliou Diallo/REJOPRA.