Parmi les 6000 représentants qui ont participé à la Conférence des Nations Unies sur les océans (UNOC) à Lisbonne la dernière semaine de juin, un petit groupe de 20 hommes et femmes actifs dans la pêche artisanale et à petite échelle sur 6 continents fait des vagues.
Coordonnés à l'avance, une “petite babel” de pêcheurs artisans se sont réunis à Lisbonne avec un "Appel à l'action" qui demande aux gouvernements de mettre en place des plans d'action stratégiques nationaux, inspirés des Directives volontaires pour une pêche artisanale durable, afin de mettre en œuvre des actions prioritaires d'ici 2030.
Alors que l'UNOC a l'ambition de mettre l'accent sur la nécessité de conserver et d'utiliser durablement les océans, les pêcheurs artisans ont rappelé aux autres parties prenantes qu'ils sont "les utilisateurs les plus nombreux de l'océan" et qu'ils l'utilisent durablement depuis des siècles. L'un des points de l'Objectif de développement durable 14, sur lequel les gouvernements se sont engagés, est de garantir l'accès aux ressources et aux marchés pour la pêche artisanale, mais l'ordre du jour et la déclaration finale qui a suivi ont montré que les priorités sont ailleurs.
Cependant, les hommes et les femmes de la pêche artisanale du Pacifique, d'Asie, d'Afrique, d'Amérique centrale et du Sud et d'Europe, ont coordonné et réussi à organiser, intervenir ou assister et questionner un grand nombre des 300 événements parallèles organisés autour du programme officiel de la conférence. Ils ont profité de chaque occasion pour soulever les 5 points clés sur lesquels ils souhaitent que les gouvernements agissent de toute urgence, comme le montre le résumé suivant.
1) Garantir d’urgence un accès préférentiel et cogérer 100 % des zones côtières
2) Garantir la participation des femmes et soutenir leur rôle dans l’innovation
3) Protéger la pêche artisanale des secteurs concurrents de l'économie bleue
4) Faire preuve de transparence et de redevabilité dans la gestion de la pêche
5) Construire des communautés résilientes et offrir des perspectives à la jeunesse
Photo de l’entête: le groupe (presque) au complet de pêcheurs artisanaux présents à l'UNOC, le jeudi 30 juin, après leur dernière réunion de coordination. Il manquait les représentants européens, les brésiliens et la représentante du Fiji.
Dans cet article, l'auteur analyse le rapport principal qui plaide pour une augmentation des financements en faveur de la conservation, Financing Nature, et s'appuie sur des exemples de pêche et de gouvernance des océans pour révéler les failles de ses calculs. L'auteur déplore également le fait que l'accent mis sur l'augmentation des dépenses détourne les discussions essentielles sur les causes profondes de la crise et il dénonce le rapport comme étant un outil au service du financement de la conservation, une publication performative qui présente des opportunités d'investissement privé.