« Rien sur nous sans nous » : les hommes et les femmes de la pêche artisanale rédigent des règles de conduite sur comment travailler avec eux pour sauver les océans

Pour marquer la fin de l'Année internationale de la pêche artisanale et de l'aquaculture (IYAFA 2022), les organisations de pêche artisanale des 5 continents ont assuré le suivi de leur Appel à l'action (juin 2022) et ont présenté ces lignes directrices à leurs partenaires et supporters.

En juillet 2022, à la fin de la Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC), les hommes et femmes de la pêche artisanale présents à Lisbonne ont fait une déclaration finale pour réaffirmer leurs droits. Ils étaient venus au Portugal pour présenter leur Appel à l'action, cinq priorités pour protéger à la fois les océans et la pêche artisanale. Pourtant, ils ont fait l'expérience directe de la marginalisation, des ONG qui parlent en leur nom sans leur demander leur consentement, ou de l'adaptation de leurs messages. Dans leur déclaration finale, ils ont rappelé qu'ils avaient « le droit de faire entendre leur propre voix. Nous n'avons besoin de personne [...] pour parler en notre nom. [...] Nous sommes là et notre voix est forte ».

La déclaration finale officielle de l'UNOC n'a pas non plus reconnu comme il se doit le rôle et l'importance du plus grand groupe d'utilisateurs de l'océan dans sa protection et sa conservation. Pourtant, « qui mieux que nous, communautés côtières des six continents, comprend l'océan et ses richesses », ont demandé ces représentants de la pêche artisanale. « Nous sommes prêts à travailler avec vous, décideurs, donateurs, scientifiques et ONG pour sauver notre océan [...]. Mais pour bien travailler ensemble, nous avons besoin d'un consentement, d'un accord, d'une définition de ce qu'est un bon partenariat ».

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À la fin de leur déclaration, les représentants de la pêche artissanale ont proposé de rédiger un code de conduite qui a finalement abouti à ces "Règles de conduite pour travailler avec les hommes et les femmes de la pêche artisanale pour sauver notre océan". Ces lignes directrices s'adressent principalement aux organisations qui souhaitent travailler avec la pêche artisanale dans le contexte de la conservation marine et côtière. Elles sont divisées en 4 thèmes principaux : (1) les droits de la pêche artisanale dans le contexte de la conservation des océans, (2) la participation et la représentation de la pêche artisanale dans la prise de décision, (3) la voix et les messages de la pêche artisanale et, enfin, (4) les principes pour le soutien financier et les autres types de soutien.

Lors de la présentation officielle en ligne aux partenaires le 28 février dernier, Mme Antónia Adama Djaló, une femme transformatrice de poisson de Guinée Bissau et vice-présidente de la Confédération africaine des organisations de pêche artisanale (CAOPA), a expliqué : « Nos partenaires devraient s'abstenir de soutenir des projets qui vont à l'encontre des demandes de la pêche artisanale. Il arrive cependant que des conflits de priorités se présentent et nous demandons donc à nos partenaires de faire preuve de transparence quant aux impacts potentiels ».

Ces règles, endossées par les principaux signataires de l'Appel à l'action, s'appuient sur les Directives volontaires visant à garantir une pêche artisanale durable, ainsi que sur d'autres lignes directrices telles que le consentement libre, préalable et éclairé et d’autres codes de conduite dans le contexte de la conservation de la nature. « Nous espérons que nos partenaires adopteront volontairement ces règles, ainsi que l'Appel à l'action, afin que nous puissions travailler ensemble dans le cadre d'un véritable partenariat pour sauver nos océans et nos communautés », a conclu Hugh Govan, du LMMA, le réseau des aires marines gérées localement (Pacifique).

NOTE : En tant qu'organisation de soutien et partenaire, la Coalition pour des accords de pêche équitables (CAPE) soutient l'Appel à l'action et adopte et approuve ces Règles de conduite, et s'engage à les respecter pour travailler en véritable partenariat avec la pêche artisanale.


Photo de l’entête : Felicito Núñez, pêcheur et leader de la communauté Garifuna au Honduras, Nancy Onginjo, présidente de l'Association des pêcheurs et propriétaires de bateaux des Seychelles (FBOA), et Dawda Foday Saine, pêcheur gambien et secrétaire général de la CAOPA, lors d'un dialogue informel avec les ONG et la société civile à l'occasion de la conférence des Nations unies sur les océans qui s'est tenue à Lisbonne en juin 2022. L'objectif était d'ouvrir le dialogue sur les perspectives de la pêche artisanale en matière de conservation avec les ONG environnementales et de demander à la société civile dans son ensemble de soutenir leur Appel à l'action.