La sardinelle est un petit poisson pélagique, aliment de base des communautés d'Afrique de l'Ouest. Elle fournit non seulement des nutriments essentiels, mais aussi des emplois à des centaines de milliers de pêcheurs, de femmes mareyeuses et transformatrices de poisson le long des côtes d'Afrique de l'Ouest. Cependant, au cours des dix dernières années, l'accès au poisson pour la consommation locale dans la région est devenu plus difficile et plus coûteux.
Les sardinelles sont des ressources partagées car elles migrent entre le Maroc et la Guinée-Bissau. Ces stocks sont aujourd'hui gravement surexploités, en partie à cause du développement récent de l'industrie de la farine de poisson en Mauritanie. Les deux principaux pays de pêche de la région, la Mauritanie et le Sénégal, n'ont jusqu'à présent pas pris de mesures adéquates pour gérer ces stocks. Cela vaut tant pour la collecte de données scientifiques que pour l'introduction de limitations des captures et de l'effort de pêche.
Dans le cadre du dialogue UE-Afrique, il est essentiel que l'Union européenne, en tant que partenaire privilégié des pays africains, promeuve une pêche durable et la sécurité alimentaire des communautés locales. L'UE va probablement prolonger d'un an, et pour la deuxième fois, le protocole actuel de l'accord de partenariat de pêche durable avec la Mauritanie, afin de laisser plus de temps pour les négociations du prochain protocole. Alors que les négociations se poursuivent, l'UE devrait saisir ce délai pour promouvoir une meilleure gestion des petits pélagiques dans la région.
L’industrie de la farine de poisson en Mauritanie
Comment l'UE peut contribuer à la gestion (régionale) de la pêche ?
L'accord de pêche UE-Mauritanie est le plus important de tous les accords de partenariat de pêche durable (APPD) de l'UE. Malgré les sommes importantes versées jusqu'à présent à la Mauritanie, à la fois en compensation de l'accès des flottes de l'UE et pour le développement de la pêche nationale (appui sectoriel), peu de progrès ont été réalisés dans la gestion de la pêche aux petits pélagiques.
Ces stocks sont essentiels pour la sécurité alimentaire de la région mais ils sont dans un état catastrophique. Sachant que le protocole actuel de l'accord sera probablement prolongé d'une année supplémentaire, l'UE devrait saisir l’occasion de la prolongation des négociations pour promouvoir une meilleure gestion des petits pélagiques dans la région.
Le nouveau protocole devrait inciter le gouvernement mauritanien à :
augmenter de façon considérable l'échantillonnage des captures de petits pélagiques :
L'institut mauritanien de recherche halieutique IMROP devrait collecter le nombre nécessaire d'échantillons lors des débarquements pour les usines de farine de poisson ainsi que les captures des chalutiers pélagiques.
appliquer les recommandations du groupe de travail de la FAO sur l'évaluation des petits pélagiques au large de l'Afrique du Nord-Ouest
entamer des consultations avec le Sénégal sur la gestion conjointe de la sardinelle :
Les pays doivent se baser sur les avis du groupe de travail de la FAO et s'entendre sur des mesures de conservation (limitation des captures ou de l'effort de pêche).
contribuer aux efforts de gestion régionale en soutenant le groupe de travail de la FAO :
La gestion et la recherche en matière de pêche étant des responsabilités nationales, l'UE ne doit pas prendre en charge le financement des programmes d'échantillonnage nationaux, mais plutôt financer des activités dépassant les moyens des gouvernements nationaux, comme la coordination régionale de la recherche.
Cette fiche d’information est basée sur un article d'Ad Corten, qui a été responsable de la recherche pélagique aux Pays-Bas de 1971 à 1996 et coordinateur de la coopération néerlando-mauritanienne en matière de pêche de 1998 à 2019. Il est membre du groupe de travail de la FAO sur l'évaluation des petits pélagiques au large de l'Afrique du Nord-Ouest et du comité scientifique conjoint UE-Mauritanie.
Le dernier compte rendu de la réunion du dernier Comité Scientifique Conjoint (CSC) de l’accord de partenariat pour une pêche durable entre l’Union européenne et la Mauritanie révèle qu'il reste un long chemin à parcourir pour garantir que toutes les flottes de l'UE actives en Mauritanie pêchent de manière durable, notamment en ce qui concerne le contrôle et la limitation des prises accessoires et des rejets.