Les pêcheurs artisanaux s'inquiètent des conséquences de l'interdiction par le gouvernement des exportations de bourgeois
Avec seulement 11 cas, tous guéris, de Covid-19, et sans propagation communautaire, les Seychelles ont rouvert l'aéroport le 1er juin aux jets privés et aux vols de rapatriement de seychellois avec des mesures très strictes pour entrer sur le territoire. La reprise d'un ou deux vols de fret par semaine à la mi-mai a permis aux palangriers semi-industriels seychellois de recommencer à exporter du thon, principalement vers Israël, l'UE et les États-Unis. L'association des propriétaires de bateaux de pêche (FBOA) estime qu'environ la moitié de la flotte semi-industrielle est actuellement en opération.
La plupart des pêcheurs artisanaux ont également repris leurs activités. Le confinement strict à la fin du mois d'avril a laissé beaucoup d'entre eux sans revenu et des discussions sont en cours avec le gouvernement pour un salaire minimum afin de les aider à s'en sortir. Néanmoins, la pêche artisanale s'inquiète de leur principale exportation, le bourgeois, un poisson très prisé et très demandé sur les marchés européens. Lors du discours sur l'état de la nation en février dernier, le président des Seychelles a annoncé l'interdiction des exportations de bourgeois (bourzwa), à partir du 15 avril, un emblème des Seychelles, dans le but de le rendre plus abordable pour la population locale. Beaucoup pensent que cette interdiction ne fonctionnera pas car si le prix baisse comme le gouvernement l'entend, les pêcheurs le pêcheront moins et cela aura un impact négatif sur leurs revenus.
QUID DU PLAN DE SAUVETAGE POUR LA PÊCHE ARTISANALE?
Deux mois et demi après que le gouvernement des Seychelles ait annoncé un plan de sauvetage de la pêche pour assurer la sécurité alimentaire et maintenir le secteur en activité, la distribution de poisson aux familles a été garantie par la Seychelles Trading Company. Le gouvernement a également pris en charge une partie du coût des sacs de glace et des appâts, comme prévu initialement.
Cependant, les transformateurs de poisson rencontrent des difficultés pour accéder au prêt promis par le gouvernement, qui devait être acheminé par la Banque de développement. Beatty Hoarau, trésorier de la FBOA, explique que le gouvernement n'a pas envisagé de procédure spéciale pour accéder à ces fonds dans le cadre du plan de sauvetage et que les transformateurs de poisson doivent le demander via une procédure normale, qui prend beaucoup plus de temps. "Cela leur cause des difficultés de trésorerie et entraînera des retards dans le paiement des pêcheurs".
Le plan de sauvetage a été fixé temporairement pour trois mois, expirant à la fin du mois de juin. Les acteurs de la pêche des Seychelles n'ont toujours pas discuté avec le gouvernement de la prolongation éventuelle de ces mesures.
Photo de la bannière : Bateaux de pêche au port des Seychelles par Lawrence Hislop, 2010.
Dans un échange avec Arınç Onat Kılıç, qui a récemment publié un article sur l’obligation bleue des Seychelles, Andre Standing, conseiller principal à CAPE, aborde les conséquences du financement privé dans le développement de l’économie bleue.