CAPE et CAOPA commentent le document d'orientation de la FAO sur la responsabilité sociale dans les chaînes de valeur de la pêche et de l'aquaculture lors de la consultation publique
Depuis 2016, les pays ont exprimé de plus en plus une préoccupation pour les conditions sociales et de travail et la durabilité sociale dans les chaînes de valeur du poisson. Lors de la 33ème session du COFI, les États membres ont demandé à la FAO d'élaborer un document d'orientation qui offrirait un soutien pratique aux entreprises du secteur pour qu'elles respectent les normes internationales et les droits de l'homme et du travail. Pour cela, en juin dernier, la FAO a invité des acteurs des syndicats, des organisations de pêcheurs, des ONG, des universités et du secteur privé, y compris la Confédération africaine des organisations de pêche artisanale (CAOPA) et la CAPE, à un dialogue sur la responsabilité sociale dans les chaînes de valeur de la pêche et de l'aquaculture.
La FAO a par la suite facilité une consultation publique du texte proposé avec toutes les parties prenantes à travers une plate-forme électronique. Le projet doit être présenté à la session 2019 du Sous-comité du commerce du poisson (COFI-FT). La CAOPA et la CAPE ont formulé conjointement des commentaires sur le document proposé et ont souligné plusieurs préoccupations, en particulier l'accent excessif mis sur les entreprises (industrielles) dans le texte. En effet, la façon dont le document est rédigé le rend uniquement utile aux entreprises (industrielles) car il ne répond pas aux besoins des chaînes de valeur artisanales. En outre, certaines de opérations en amont et en aval de la chaîne de valeur sont absentes du texte, comme la construction navale ou la distribution et la vente au détail. En effet, tout au long du texte, les entreprises (industrielles) semblent être les seules parties prenantes, tandis que les travailleurs semblent être les bénéficiaires passifs, au lieu de faciliter l'autonomisation de tous les travailleurs, hommes et femmes, dans la chaîne de valeur, y compris les pêcheurs artisans.
D'autre part, la mise en œuvre de ces orientations par les entreprises au bénéfice de leurs propres travailleurs pourrait potentiellement devenir une sorte de "certification sociale," mais qui ne tiendrait pas compte de l'impact négatif potentiel que cette entreprise pourrait avoir sur l'environnement en général. Par exemple, une entreprise de farine de poisson peut prendre des mesures pour améliorer les conditions de travail de ses travailleurs et peut être considérée comme "socialement durable" lorsque dans la pratique ses actions peuvent contribuer à la surpêche de petits pélagiques et compromettre la sécurité alimentaire des populations locales en réorientant le flux des captures vers la production de farine de poisson.
Comme le texte n'aborde pas les questions clés qui concernent les pêcheurs à petite échelle, CAPE et CAOPA suggèrent la création d'un document d'orientation spécifique pour la pêche artisanale avec des références aux aspects sociaux et aux exigences minimales tirées des Directives volontaires de la FAO visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale (Directives VG-SSF) et de la Convention OIT C188 sur le travail dans le secteur de la pêche. Ces orientations devraient aider toutes les parties prenantes, y compris les gouvernements, à utiliser ces instruments internationalement acceptés pour promouvoir des chaînes de valeur socialement responsables et pour autonomiser les hommes et les femmes dans le secteur de la pêche artisanale.
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L'intégralité de la contribution CAPE/CAOPA.